Gérard Pommier, trois semaines après.

Gérard Pommier est mort au début de ce mois ; Patrick Valas, peu de temps auparavant.
Deux analystes formés auprès de Lacan. Pas un entrefilet médiatique - y compris dans Mediapart qui doit juger Freud et la psychanalyse affreusement sexistes... - à propos de ces deux disparitions importantes quant à la pensée et la pensée de la souffrance psychique.
La psychanalyse est révolutionnaire ; Freud est révolutionnaire dans son style. Wo es war, soll ich werden est peu compatible avec la loi d’airain du capital. 
C’est là une première raison de passer sous silence la mort de deux disciples de Lacan (et de Dolto, au moins pour Pommier).
La deuxième est également à souligner.
Les nazis disaient de la psychanalyse qu’elle était une « science juive ». Après tout, ce n’est pas faux. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas de science nazie ni coloniale en général.
Freud est juif, oui. La psychanalyse porte un universel humain, après tout, celui de l’inconscient et des névroses ou des psychoses.
La méthode analytique elle-même évoque les textes en hébreu biblique de la Bible où quelque chose se dit dans les trous de la langue, ses heurts, ses anfractuosités, ses éclats inattendus.
Rachel Khan, amie de Le Pen, est républicaine et consensuelle. L’irréductibilité de Freud, non.
Où sont pour finir les antisémites ? Consensuelles, les TCC (i.e. les thérapies comportementales et cognitives, chères à Christophe André, le doux berger de l'adaptation à la violence libérale sur France inter) sont la thérapie du capital. L'un de ses partisans conseilla jadis au caporal Adolf Hitler de "croire aveuglément en lui" après la Première Guerre mondiale (Voir ici). La promotion des thérapies cognitives n'est que haine de la psychanalyse et détestation de Sigmund Freud.
C'est que la psychanalyse fait partie du siècle juif comme pourrait dire Yuri Slezkine, de la judéité à jamais irréductible à la mélasse révisionniste républicaine. Siècle de la psychanalyse, siècle révolutionnaire, que celui qui précède nos sombres temps.
Voilà pourquoi nos médias sont muets. Ils ont la liberté et le sujet en horreur. Le tragique, aussi.
Ils sont à la botte du capital.