Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

431 Billets

3 Éditions

Billet de blog 24 août 2023

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Quand Macron parle de "réussite", tous aux abris !

Macron propose désormais que les élèves en difficulté rentrent le 20 août au nom de leur "réussite". Et si c'est, comme cette semaine, la canicule, tant pis pour eux. Ce n'est pas le problème du gouvernement...

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« La réussite de tous les élèves », cette formule républicaine consacrée depuis au moins le PS au pouvoir a accompagné toutes les attaques contre l’École publique.

On peut s’étonner que Macron, sourcilleux de hiérarchie comme tout loup-cervier du capital, en use lui aussi. S’il le fait, c’est qu’il en connaît le caractère de farce sinistre. Ce dernier point, comme dirait Baudelaire, est « un secret de tous connu ».

La réussite de tous les élèves signifie pour l’État post-providence que l’École n’a plus pour fonction que de mettre chaque élève à sa place dans les normes néolibérales. La réforme de l’enseignement professionnel l’atteste parfaitement.

Mais pour nombre de parents, la réussite de leurs gamins, c’est d’être bon à l’école, de s’en sortir.

L’État par sa formule reste dans l’ambiguïté. Ça lui permet d’encercler les profs si ceux-ci avaient quelques velléités de révolte et de les désigner à la vindicte.

« La réussite » n’a rien à voir avec l’instruction et la liberté qu’avait par exemple comme idéal la République de 1792. C’est le programme de Bernard Tapie (et de Mitterrand) dans un énoncé suffisamment ambigu pour être consensuel.

Si « La réussite de tous les élèves » signifiait le succès à l’École, ça ruinerait la division du travail. Il faut bien que l’École de la République post-thermidorienne trie les élèves et désigne les futurs éboueurs et ceux qui seront médecins.

Il faut se souvenir du poème de Brecht sur les questions d’un ouvrier qui lit. C’est le seul sens d’une école pour tous ses élèves. Seul le socialisme peut faire de cela une réalité. Le reste est une abjection sinistre.

—————————————

Questions que se pose un ouvrier qui lit.

Qui a construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ? Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent ce soir-là les maçons ? Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.
Le jeune Alexandre conquit les Indes.
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?
Quand sa flotte fut coulée, Philippe d’Espagne
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans. Qui
À part lui, était gagnant ?

À chaque page une victoire.
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait ?

Tant de récits,
Tant de questions.

(Bertolt Brecht)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.