Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

431 Billets

3 Éditions

Billet de blog 16 novembre 2022

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Cyril Hanouna, bouffon populaire du fascisme qui vient.

TPMP ou la monstruosité fasciste sous des visages riants.

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors qu’il recevait la semaine dernière le député insoumis du Val-de-Marne, Louis Boyard, le présentateur de TPMP sur C8 – Cyril Hanouna, donc - n’a pas supporté que le parlementaire LFI dénonce les agissements néocoloniaux en Afrique de Vincent Bolloré, patron du groupe Canal dont C8 fait partie.

La réaction du présentateur a été d’une extrême violence, verbale mais aussi gestuelle bien qu’il n’y ait pas eu de coups donnés. Hanouna a copieusement injurié Louis Boyard mais s’est aussi rapproché physiquement du député en le menaçant. Tout cela avec l’approbation des autres chroniqueurs del’émission ainsi que du public qui s’est écrié à l’adresse du député « Dehors, dehors ! » avant, en effet, que le jeune élu ne quitte le plateau.

La télé-poubelle, inaugurée sous Mitterrand avec La Cinq dirigée par Berlusconi aujourd’hui allié de Georgia Meloni en Italie, n’est hélas pas une nouveauté. Toutefois, ce qui s’est passé sur le plateau de Cyril Hanouna revêt une gravité particulière en franchissant une étape supplémentaire dans uneviolence qu’on peut dire fasciste du fait son mépris des institutions démocratiques (bien que par ailleurs nous ne soyons pas dupes de celles-ci) et sa volonté de réduire au silence l’opposition politique au consensus dont l’extrême-droite donne le la.

Hanouna n’est certes qu’un clown, sinistre. Néanmoins, l’absence de réactions condamnant franchement son attitude vis-à-vis du député Boyard est inquiétante et dit la dégradation réactionnaire du débat public mais aussi la diabolisation non du Front national mais de la gauche sociale-démocrate – Mélenchon n’est pas autre chose qu’un social-démocrate – un peu conséquente.

Souvenons-nous à cet égard de deux faits qui, mis en relation avec ce qui s’est passé la semaine dernière, éclairent lugubrement la situation politique présentepar la mansuétude médiatico-parlementaire dont bénéficie Cyril Hanouna, encore défendu ce matin par Marine Le Pen sur France inter.

Lorsque Mélenchon s’est écrié face aux policiers qui venaient perquisitionner le siège de son parti « La République, c’est moi ! », il a été présenté comme fou ou quasiment par la plupart des médias et ce pendant des mois voire des années. L’enthousiasme républicain vintage de Mélenchon peut faire sourire mais enfin, sa réaction, pour théâtrale qu’elle fût, ne méritait pas l’opprobre éternelle, d’autant que la saisie des fichiers militants de LFI par la police constitue une atteinte à la démocratie.

Plus récemment, Macron a été giflé lors d’une visite officielle en province par un royaliste d’extrême-droite qui s’est écrié « Montjoie, Saint-Denis ! » en frappant le président de la République.

Ce dernier fait a été à juste titre considéré comme grave y compris au sein de LFI et du côté del’extrême-gauche parce qu’il s’inscrit dans une volonté fasciste de déstabiliser l’État et de faire monter la violence dans l’espoir de la guerre civile.

À la lumière, de ces deux faits, que ce qui s’est produit chez Hanouna ne suscite pas de réprobation au plus haut sommet de l’État n’est rien moins qu’ahurissant. Si Mélenchon faisait dans l’hyperbole presque comique en s’exclamant « La République, c’est moi ! », Louis Boyard de LFI est néanmoins un élu de la République. Dès lors, ladite République ne peut accepter qu’il soit injurié, menacé y compris physiquement et doive littéralement fuir le studio de l’émission sous les quolibets haineux – et racistes : la discussion portait au départ sur la nécessité ou non d’accueillir les migrants sur le sol national.

Ce qui s’est passé chez Hanouna avec lequel par ailleurs la ministre Schiappa s’est souvent affichée n’est pas moins grave – tant s’en faut – que la gifle reçue par Macron de la part d’un légitimiste exalté. En comparaison, la sortie tonitruante de Mélenchon ne vaut pas qu’on s’y attarde.

Au vrai, cela s’inscrit dans une violentisation de la société, une violentisation politique d’extrême-droite. On l’a vu avec Zemmour lors de son meeting de campagne à Villepinte mais également avec Bardellaparlant des migrants en assénant son couplet abject typique du fascisme (Dire aux migrants qu’on est complet, dit-il en substance - comme si un pays était un hôtel…-, c’est la seule politique humaine) ou encore via la récupération obscène du meurtre de Lola par une jeune femme algérienne psychotique, récupération dont C8 a profité pour battre des records d’audience et fêter cela avec de grands moyens et sans aucune vergogne. On l’a vu, tout récemment, avec l’injonction raciste (« Retourne en Afrique ») du ci-devant Fournas, député RN, à Carlos Martens Bilongo, député LFI et noir. Rappelons que si le député lepéniste a été suspendu 15 jours, ce n’est pas pour racisme mais pour tumulte…

La télé-poubelle médiatique donne le ton du débat parlementaire. La poubelle s’étend et c’est un drame politique qu’il faut bien l’envisager comme tel.

Hanouna, du fond de son mélange d’horreur politique et de bouffonnerie, est un influenceur. Il parle à son public (TPMP bat des records d’audience), l’influence et poursuit cette course à l’abimeinaugurée par Sarkozy dans sa campagne de 2007 avec sa « droite décomplexée » et « sans tabous ».

L’humanité, ça s’empêche, aurait pu dire Camus. Avec Sarkozy, Zemmour ou Hanouna, l’ensauvagement occidental, proche de ce qu’est le trumpisme aux USA, se poursuit. Il justifie qu’on pende haut et court les criminels sans autre forme de procès comme l’a déclaré Hanouna – sous le regard stupéfait d’un magistrat de droite – à propos de la femme qui a tué la collégienne Lola. Il justifie qu’on bastonne un député de gauche qui a osé dénoncé le traitement réservé aux migrants.

Il faut prendre la mesure de la situation et de l’écho potentiellement dévastateur de telles émissions et de Hanouna auprès des classes populaires, auprès des beaufs et des barbares.

Le silence de l’État ne dit à cette aune rien qui vaille – mais cela, hélas, ne nous surprend pas.

L’Âne 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.