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Billet de blog 3 octobre 2025

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"Nous perdrons cette guerre", poème pour Gaza, par Samer Abu Hawwash

Poème inédit de Samer Abu Hawwash, traduit de l’arabe par Kadhim Jihad Hassan, publié dans le numéro d’automne 2025 de la revue K. (Grandeur de Mahmoud Darwish, p. 243-245).

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"Nous perdrons cette guerre"
(poème pour Gaza)

Samer Abu Hawwash

Nous n’abattrons pas un arbre

Nous ne brûlerons pas un champ

Nous ne tuerons pas un homme, une femme, un jeune ou un vieillard

Nous ne troublerons pas le sommeil d’un fœtus nageant encore, inconscient

Dans le bonheur de sa première eau

Nous ne ferons pas sursauter un oiseau volant paisiblement entre deux

Nous ne dérangerons pas une jument dans sa course rêveuse vers le coucher du soleil

Nous ne distrairons pas un nuage traversant les villages pour leur rappeler leurs anciens

Nous perdrons cette guerre avec notre sang versé

Nous perdrons cette guerre avec nos membres amputés

Nous perdrons cette guerre avec nos yeux meurtris, nos cœurs meurtris, chagrin qui refuse de nous quitter

Chagrin que nous avons nourri si longtemps qu’il est devenu notre jumeau, notre ombre constante

Nous perdrons cette guerre comme nous avons perdu toutes celles qui l’ont précédée

Et comme nous perdrons toutes celles qui la suivront

Et lorsque nous nous souviendrons de tout ce qui s’est passé

Lorsque nous oublierons tout ce qui s’est passé

Lorsque nous ne nous souviendrons ni n’oublierons

Lorsque nous ne serons plus que poussière dans le vent

Un écho égaré dans le désert

Nous perdrons à nouveau la guerre

Mais avant de la perdre et après l’avoir perdue

Nous fixerons toujours les yeux de notre assassin

Nous regarderons son âme, nous habiterons ses cauchemars

Nous dormirons dans son lit, nous nous assiérons à sa table

Nous serons son café le matin, son vin le soir

Et quand il se tiendra derrière la fenêtre, l’oiseau ne le verra pas

Parce que celui-ci sera occupé à ramasser nos éclats dans l’air

Quand il sortira dans le jardin, l’arbre ne le verra pas

Parce que celui-ci sera occupé à garder nos âmes errantes

Et quand il se regardera dans le miroir

Il ne verra pas son visage, mais celui de nombreux d’entre nous dans le brouillard

Et il réalisera enfin que lui-même n’est rien de plus qu’un souvenir fantomatique

Dans la grande errance ; il ne comprendra jamais

Comment il nous a anéantis, puis anéantis

Puis anéantis à nouveau,

Sans pouvoir effacer de son miroir

Notre lumineuse image

Ni de nos visages

Cette lumière éclatante

Et ce sourire radieux.

۰  ۰  ۰

                     Samer Abu Hawwash est né en 1972 dans une famille palestinienne réfugiée à Sidon, au Liban

                     Poème traduit de l’arabe par Kadhim Jihad Hassan, dans K., Grandeur de Mahmoud Darwish, automne 2025, p. 243-245.                                     [https://www.peren-revues.fr/revue-k/1596?file=1] 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.