Pourquoi La Réole?

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Je ris seule et silencieusement à l'idée de ma réaction il y a seulement cinq ans, si l'on m'avait annoncé que le jour où j'aurais un modeste capital pour acheter mon logement, je choisirais un bourg de Gironde certes remarquable par son patrimoine et situé dans l'agréable Entre deux Mers, mais de 5000 habitants.
Je faisais partie de cette caste honnie des urbains que la doxa ultra droitière actuelle qualifie de bobos, qu'ils soient vraiment bourgeois ou vraiment bohêmes, qu'ils soient pubards à 6000 euros mensuels ou instit émargeant à une asso d'aide aux migrants. Mais il était IN-CON-CE-VABLE pour moi, il y a seulement quatre ans, de vivre ailleurs que dans la zone d'attraction d'une métropole. Parisienne, ou étrangère, j'ai rêvé de Berlin, Dublin, Edimbourg, Londres et j'en passe...Sans autre capital que culturel, je n'imaginais pas un autre biotope que la ville - y compris de banlieue dite "populaire".
Je vous vois ricaner. Encore une qui a découvert l'eau chaude et la campagne après le COVID.
Nenni.
Ce n'est pas la campagne que j'ai découverte. Ma famille maternelle est auvergnate, merci. Je sais ce qu'est de vivre dans un cadre sublime mais où pour le moindre service, du pain au docteur, on ne peut se passer de voiture.
Ce que j'ai découvert, c'est une autre façon de faire ville, et ce n'est pas grâce au COVID.
Ici, je dois citer un nom: Olivier Razemon, journaliste et auteur, et un livre : Comment la France a tué ses villes. (Éditions de L'Échiquier, 2016).
J'écrivais depuis un bon moment sur les villes, au hasard de résidences et commandes via la revue Cassandre que je coanimais, puis une résidence d'écriture dans la friche culturelle le 6b à Saint-Denis, ou lors de missions pour un architecte mentor et ami que je me dois de citer aussi: Patrick Bouchain. Saint-Denis, Dunkerque, Clermont-Ferrand et le quartier de la Gauthière, Montréal, Aubervilliers ont été des lieux d'exploration et d'écriture.
Mais ce qu'Olivier Razemon a radicalement transformé, c'est mon regard sur les moyennes et petites villes, en déshérence au moment où il écrivait son livre. Beaucoup le sont toujours, d'autres amorcent une convalescence et une remontada. Ce livre m'a marquée comme un défi: celui de ré-animer, ré-urbaniser des cœurs de villes et de bourgs. Un impératif écologique, sociologique, culturel, économique, humain, à contre courant du désastre de l'étalement urbain et de la découpe du pays en lotissements et zones commerciales.
La Réole, 5000 âmes est de ces communes où une belle communauté d'habitant.es relève ce défi.
Mais il en est beaucoup d'autres. Pourquoi La Réole?
À SUIVRE...