valérie gay-corajoud (avatar)

valérie gay-corajoud

auteure

Abonné·e de Mediapart

46 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 janvier 2024

valérie gay-corajoud (avatar)

valérie gay-corajoud

auteure

Abonné·e de Mediapart

L'hyper conscience

La pensée n’est pas linéaire. Elle galope, parfois libre, presque liquide, alors que d’autres fois, elle sursaute, s’échauffe, s’arrête, s’entête, tourne en rond, se contredit. La pensée n’est pas toujours délibérée. Elle vit en arrière-plan, de jour et de nuit, prenant appui sur des odeurs ou des chants, des rappels discrets à notre conscience.

valérie gay-corajoud (avatar)

valérie gay-corajoud

auteure

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La pensée n’est pas linéaire. Elle galope, parfois libre, presque liquide, alors que d’autres fois, elle sursaute, s’échauffe, s’arrête, s’entête, tourne en rond, se contredit.

La pensée n’est pas toujours délibérée. Elle vit en arrière-plan, de jour et de nuit, prenant appui sur des odeurs ou des chants, des rappels discrets à notre conscience.

La pensée est une respiration supplémentaire, aussi vitale que celle qui emplit nos poumons. Elle existe, avec ou sans notre consentement, filant bon train sur le même chemin.

La pensée est mon amie.

Consciente de son importance depuis que je suis enfant, je me suis toujours beaucoup parlé, et ce sur tous les tons, n’étant pas susceptible avec moi-même.

Je peux tout me dire et tout entendre de ma propre réflexion. J’ai su très tôt, descendre à ses côtés dans les tréfonds des idées sombres et monter tout en haut, presque au-delà de la raison, pour me vautrer dans l’espérance la plus folle.

C’est ainsi que j’ai pu avancer au fil des années. C’est ainsi que j’ai mené quelques combats personnels, dont celui du handicap de mon dernier-né.

Mais ce qui est passionnant avec la pensée, c’est qu’elle ne chemine pas toujours en parallèle de notre réalité. Parfois elle nous devance, parfois elle s’égare en arrière et il nous faut du temps avant d’en prendre conscience.

Peut-être est-ce le moyen de subir les chocs sans trop souffrir, être en mesure d’avancer sur des sentiers compliqués sans trembler ni renoncer, d’autant qu’invariablement, la pensée finit par nous rejoindre. À un moment ou un autre, la voilà qui nous rattrape et nous redevenons complets.

C’est là où je me tiens. L’arrière bien net, le devant tout autant. Les traits bien dessinés. Rien ne se mélange.

C’est une hyper conscience, à la fois terriblement rassurante, mais également incroyablement douloureuse. Je ne peux me pelotonner dans la douceur relative d’un rêve irréalisable ni dans la moiteur chaleureuse de la nostalgie.

Les choix qui s’offrent à moi sont si clairs et si précis qu’il m’est impossible de ne pas les voir. Nul endroit où m’enfuir, car ce présent est entier et j’y suis entière. Il n’y a pas d’espace autre où se cacher.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.