
C’était il y a 4 ans, les premières plongées en mer pour Théo. Une immense victoire pour un adolescent autiste qui n’avait jusqu’alors fait que marcher sur des sentiers balisés par une société bien trop prompte à mettre nos enfants différents à l’écart.
En 4 ans, Théo a plongé à de multiples reprises, toujours plus longtemps, toujours plus profond… repoussant les angoisses et s’accordant à ses rêves. C’était beau.
Et pourtant, tout s'arrête.
Trop difficile de gérer les impondérables météorologiques pour Théo... qui s'est vu annuler 6 plongées d'affilés, dont celle qu'il attendait depuis si longtemps - une plongée de nuit - à cause d'une brusque et implacable brume maritime.
Trop de douleur également d'avoir mis tant de temps à ce qu'on lui accorde le niveau 1, qui était si symbolique pour lui... le mauvais sort voudra qu'il l'obtienne finalement 2 jours après avoir pris la décision de tout arrêter. Il n'est pas en mesure de s'en réjouir.
Le covid 19 aura eu de multiples répercussions douloureuses pour Théo... qui ne parvient pas à reprendre espoir.
Il se considère toujours en confinement... et se prépare à ce qu'aucun de ses projets ne se concrétise, se mettant ainsi à l'abri de nouvelles déconvenues qu'il n'aurait pas prévues.
Il va y avoir un gros travail pour récupérer tout ça... pour réparer ce que ce gros foutoir (dés)organisé aura détruit sans que quiconque se sente responsable.
Comment être en mesure de lui promettre quoi que ce soit puisque nous ne maîtrisons plus rien ! J'ai dû m'aligner sur sa manière de penser pour être en mesure de garder le dialogue avec lui. Il n'est plus question de lui dire que tout s'arrangera, car il voit bien que je suis aussi démunie que lui. Je ne peux que tenter de comprendre dans quel vide il se trouve pour ne pas l'y laisser seul.
Souffrir avec lui, peut-il suffire ? Et si oui, combien de temps allons-nous tenir ?