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Billet de blog 24 novembre 2015

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Si vis Pacem, para... Pacem !

Face à la situation inédite créée par les attentats de Paris, une réflexion collective sur non seulement les solutions sociétales à trouver, mais également notre responsabilité commune serait davantage constructive que les bruits de bottes qui se font entendre aujourd'hui.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une fois l’émotion passée, le temps est venu de la réflexion. Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris nous ont placés dans une situation inédite : face à une action meurtrière massive, menée en six endroits différents et de façon simultanée. Une stratégie soigneusement réfléchie, minutieusement coordonnée et exécutée. Un acte de guerre.

L’une des questions qui se pose est la suivante : sommes-nous pour autant entrés dans une guerre de religion ? « Non, affirmait Edgar Morin dans un grand quotidien français du soir, au lendemain de la tragédie. Il s’agit de la guerre d’une secte fanatique issue de l’islam contre toute société, y compris islamique, qui soit autre qu’un totalitarisme religieux. » Paroles rassurantes, mais qui ne nous dispensent pas de nous interroger sur notre responsabilité. La guerre, où qu’elle se déroule, ne peut pas être la solution à la guerre. Voudrions-nous le croire, voire l’espérer ? Chaque jour, les bulletins d’information nous en assènent le cruel démenti : depuis le 13 novembre, il n’y est question que d’attentats au nord du Cameroun perpétrés par le mouvement fondamentaliste Boko Haram, de la reprise des violences à Bangui, capitale de la République centrafricaine, entre milices chrétiennes et musulmanes, ou encore de la prise d’otage massive dans un hôtel à Bamako (Mali), doublement revendiqué par deux groupes djihadistes différents, dramatiquement opportunistes. Pendant ce temps, ceux que frappent nos drones et nos bombardiers en Syrie sont aussi des civils, des jeunes, des femmes… et ces victimes alimentent la terreur et la haine, à l’échelle du village planétaire dans lequel nous vivons aujourd’hui.

Que faire ? Nous ressentons bien au fond de nous-mêmes cet impérieux besoin de paix mais pour le satisfaire, est-il nécessaire, voire indispensable non seulement de préparer, mais de faire la guerre ? L'expérience, l'histoire et la philosophie ne nous démontrent-elles pas que toute colère, toute invective est inutile ? « La réponse est simple, écrivait encore Edgar Morin, [il faut] faire la paix au Moyen Orient ». La paix dans le monde… La paix au Proche Orient… De bien vastes sujets ! Mais c’est en s’en emparant à bras-le-corps et sans fausse modestie que chacun d’entre nous, individuellement, contribuera à l’édifice.

Rejeter la faute sur "le gouvernement" ou "le pouvoir actuel" n'est qu'une gesticulation aux fins électoralistes, qui augure bien mal de la suite. Bien plus constructive serait la réflexion collective, la prise en compte objective de ce qui n'a pas été fait, notamment pour améliorer le sort des jeunes des banlieues. Pour leur redonner le goût de la vie. Le monde que nous leur avons façonné est tellement chargé d'un "no future" les concernant qu'ils préfère choisir aujourd'hui la mort plutôt que la lutte. Pis : ils choisissent une mort horrible, ignominieuse et même criminelle puisque qu'elle est envisagée de façon à entraîner celle de dizaines - voire davantage - d'autres personnes.

Hélas, du côté des politiques, je ne perçois aujourd'hui que bruits de bottes et vrombissements d'avions.

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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