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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 9 septembre 2021

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CARREFOUR DES TRAVERSÉES

Jour d’avant. Jour d’après. Et entre deux, un gouffre, béant d’inextricables incertitudes. Imbroglio d’évènements aux arômes envoûtants d’un microcosme qui ne serait pas prêt à disparaitre.

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Illustration 1
Exode © Vent d'Autan

Inéluctable. Depuis longue date, jusqu’au plus profond de leur for intérieur, ils s’étaient accoutumés du fait qu’un jour ou l’autre, de gré ou de force, ils seraient confrontés à la fatalité de cette situation. Impossible d’y échapper, ou de s’en soustraire sans encombre. Juste s’adapter et s’accorder à ce fâcheux tourbillon pulsatile. Question de survie pour certains, d’équilibre pour d’autres. Allez donc savoir de quoi sera fait le jour de l’après. Demain, équation complexe à multiples inconnues. Sombre paysage intérieur d’une situation aux horizons bouchés. Rien ne va plus. Faites vos jeux. Impasse, perd et manque. Ex nihilo blues.

Quoi que l’on puisse élaborer, tout se bouleverse et se métamorphose, irrémédiablement. Rien n’est jamais figé, gravé dans le marbre. L’impermanence des faits et des évènements sont autant d’éléments incontournables qui nous poussent à perpétuellement s’accorder et à se remettre en cause, malgré les opinions contrariantes et divergentes. Inutile de résister ou de s’apitoyer sur son propre sort, dans quelconque repli d’atmosphère d’épouvante. Signe évident d’une tristesse apprivoisée qui tait son nom.

Quelques filets de lumière dans la pénombre, comme pour appréhender le réel. Le doute, l’incertitude, l’inquiétude, indissociables émotions de la complexité des plus profanes. Au plus profond de cette désolation intime, l’absence, nouvelle résidence de celui qui quitte les lieux en catimini. Partir, s’en aller, s’élancer, s’envoler. Élan d’une nouvelle vie. Départ annoncé, amorcé depuis longue date. A partir de cet instant, plus rien ne sera plus jamais comme avant.

Avant…En point d’orgue cette légère pointe d’amertume et de mélancolie, teintée de l’âpreté des rivages de la postérité. Une fois encore il faudrait se réinventer, tisser la trame de cette nouvelle toile, broder le canevas de ce versatile dessin. Ensemble, trouver des palliatifs à la décrépitude de la réalité. Voir apprivoiser cette nouvelle tranche de vie emplie de vierges territoires. Pléthore de cohérence et de pensées en mouvement. Comment concilier l’avant et l’après ? Qu’allait-il  advenir de ce nouveau Nous, dépouillés de cette infime part de soi ?

Chaque année, l’échéance délibérément fatale, reculait d’une case, pour mieux sauter vers une nouvelle métamorphose. Compte à rebours à échéance variable selon les élucubrations d’imprévisibles aléas. Finitude de ce qui est et de ce qui ne sera plus. Ou plutôt différent, d’une tout autre teneur, d’une ampleur encore inconnue. Combien de fluctuations à devoir anticiper au cours d’une vie dissolue ? Autant de changement de caps, à hisser les voiles sous le vent et se laisser porter par le cours de l’existence, au gré de l’aventure. Toujours aller de l’avant. Seul but intangible. Et en toile de fond cette inexorable destinée qui martèle le rythme de son propre tempo. Nous étions nomades, errant au gré des humeurs de l’accomplissement des lois de l’Univers. Incorrigibles humains à la dérive.

Éternelle fuite en avant. Fausses déviances et contradictions erronées. Fin du passéisme latent. Pour que rien, ni personne ne change. Vœu pieu ou utopie illusoire. Ce qui est enfoui, déchu, ce qui nous interpelle au sens propre et qui nous interroge sur le sens puéril de la vie et la manière de vaciller sans encombre sur l’autre rive, dans un essai critique de dramaturge familiale. A l’aube du tout premier jour, le décompte avait commencé. Décision irrésolue en l’absence de toute autre solution.

Ici ou ailleurs tous les quais de gare ont cette atmosphère à la pesanteur si particulière. Lieux de passage, de transit et d’exil, territoires de friches émotionnelles. Arrivées en fanfare, départs déchirants, plaque tournante de chassé-croisé en proie aux délitements arrachés au fatum des âmes éprouvées. Échangeurs de flux transitoires où toute tentative de régulation serait illusoire. Carrefours des traversées. Arrêt sur image.

Mêmes trajets, mêmes histoires, similitudes de situations qui se télescopent dans les méandres des temps. Ceux qui partent la valise à la main, et ceux qui restent avec la solitude de leurs sentiments. Bagage abandonné sur le quai d’une gare, en quête de prochaine péripétie d’intrépide voyageur. Trajectoires d’enchevêtrement. A quelle heure part le prochain train ?

Affluence, effervescence. Retard annoncé, dix petites minutes de répit. Interminable interlude. Retranchée derrière les cheveux blancs, une once de sagesse sous la  pudeur de sentiments inexprimés. Sommités de mots passés sous silence. Coup de sifflet final. L’instant d’une désinvolture, l’attroupement des oiseaux de passage laisse place  à cet implacable désert de solitude balayé aux quatre vents.

Premier départ, premier envolée. Voler de ses propres ailes. S’extraire des balbutiements de l’enfance. Grandir, avancer en âge, s’émanciper, s’affranchir. Partir, revenir, perpétuel aller retour entre deux saisons de vie. Et puis un beau jour, c’est fini. Entre déchirement et renoncement. Autre extrémité du chemin de la parentalité. Syndrome du nid vide.  

 « La jeunesse est âge de réversion » Christiane Singer

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