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Sans tambour ni trompette, sans même l'aune du moindre cotillon ou autre confetti de carnaval, juste un pétard mouillé en guise de feu d’artifice. Entre deux entrefilets glissés dans les fées d’hiver, éclipsé par la disparation de la dame en habit vert, en plein cœur de l’été le maître des clowns a tiré sa révérence. Le rideau est tombé dans un silence assourdissant. Clap de fin. Point d’hommage aux invalides. L’académie clownesque s’en pince sans rire.
Génial touche à tout l’artiste aux multiples facettes a su bousculer tous les codes guindés de l’hilarité dont la jubilation bruyante, joyeuse et déplacée explosait de façon quasi instantanée en irrésistibles irruptions burlesques. Attention virus contagieux!
Rien ne semblant pouvoir mettre un terme à l'art décomplexé jusqu'à la racine de toute démesure. Aucun tabou, aucun interdit, aucune retenue, toujours dans la fange de l'intouchable sacro-saint, jusqu'au bout de sa propre débauche, se mettant le plus souvent à nu, à la fois au sens propre tout comme au sens figuré, finissant ses performances artistiques dans le plus simple des apparats. Applause !!!!
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Dans l’éclat de ses grands yeux tout ébaubis d’enthousiasme, cette clameur d’insouciance que seul possède encore l’innocence des enfants. À la moindre de ses apparitions, chacun retenait son souffle, n’osant point imaginer le prochain charivari à venir dans une bacchanale de tous les diables.
Bien plus qu’un simple clown, Jango avait ce sens inné de la parodie, poussant le curseur toujours plus haut, bien au-delà de la bienséance des apparats. Marqué par un esprit désinvolte et une audace débridée, caractéristique du plus satirique des bouffons de l’exagération. Sans cesse à repousser les limites de l'absurde, doué de cette facilité non conformiste aux lois usuelles de la raison.
Avant tout il était ce féroce pamphlétaire, tour à tour facétieux et railleur, qui dans un tonnerre assourdissant fulminait sans quelconque vergogne son tour de force tintamarresque. Ceux qui ont eux la chance d’assister à un de ses spectacles de foire doivent forcément en garder un impérissable souvenir. Entre tocades et extravagance, une pointe de délire qui frisait la folie des grandeurs, caractéristique que seuls les artistes de grand talent peuvent apprivoiser avec tendre malice.
Avec lui, l’humour était forcément déjanté, aux antipodes de digressions les plus loufoques, voir un brin caustique, comme décapé à l’eau de javel. Aucune autre façon possible d’appréhender la farce qui se devait d’être le grand théâtre de l’outrance repoussée jusqu’aux portes de l’extrême, incapable de nuance et de modération.
Aux côtés d’Antoine de Caunes et José García, ses frasques abracadabrantesques lors de son passage dans l’émission « Nulle Part Ailleurs » restent et resteront à jamais de grands moments d’anthologie. Quand Jango était invité quelque part, il se passait forcément quelque chose d’inhabituel et d’inattendu. N’est-ce point le propre du clown d’être où personne ne s'y attend ? Jingle !!!
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Dernier tour de piste de ce ballet bouffon, juste l’artiste nu portée aux nues, aux portes du Panthéon de Momus, divinité grecque de la raillerie, des jeux de mots et autres critiques moqueuses. Place de choix pour le roi de l’esclandre et du brouhaha. Pitre du ridicule dans ses pantomimes folles.
Pirouette, cacahuète, trois petits tours et puis s'en va. Ultime poilade. Seul sur scène en habit noir, son masque de clown dégrisé, symbole de tristesse travestie sous le rire. Dans la conspiration du silence, ces entrelacs de jouissance, de débauche et de vertiges d’ivresse, à jamais perdus dans l’étroit vestibule, solennel et glacé d’effroi. Chapeau l'artiste...