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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 11 avril 2023

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L'ÉTERNITÉ DES TEMPS

Tout ce qui marque le temps qui passe, les gens qui partent, pris dans cette incontournable spirale inspirée des états d'âme du lointain finissant. Dans l'écueil des jours, une ballade dépouillée, éthérée, à peine le bruissement des élytres fasciés d'un ange qui passe dans l’arrière cour du grand théâtre qu’est la vie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Tout en haut du ponton érigé en front de mer, entre flou et vaporeux, sa longue silhouette rectiligne se détache en contre jour sous les lueurs du couchant. Imperceptible et mystérieux aux yeux des passants pris dans la nuée de leurs tourmentes, en cet endroit il s’éternise, immobile et impassible, scrutant inlassablement le liseré de l’horizon au cœur de l’éternité des temps. Au travers du prisme de son regard fuyant, l'iris bleuté fasciné par le spectacle de ce perpétuel mouvement d’humeurs sauvages.

Illustration 2

Surgies des lointains évanescents dansant à l'arrière des vapeurs de brume, les déferlantes s'échouent en débordements d’écume, bousculées de toutes parts par les nouvelles vagues. Les unes à la poursuite des autres, voilà qu’elles se suivent en ce flot ininterrompu, les novices pourchassant sans répit les doyennes jusqu’à leur prochaine agonie le long des bords de grève.

À tour de rôle, les débutantes d’un jour subiront les assauts d’autres lames bien plus juvéniles, aguerries à la psalmodie incantatoire de cette quête de renouveau. Sous la houle des perpétuelles marées, elles subiront le même sort que leurs aînées, englouties dans l'incessant flux et reflux des mouvements ondulatoires de l'océan. Caracolante reconnaissance pour la fête soit toujours plus belle sous le panache des turbulences.

 Rien ne change et pourtant…

Illustration 3

Tandis que Zéphyr exhale son lyrisme au parfum de nectar, au terme d'un marathon lapidaire, sa majesté solaire en bout de course, s'en vint  abîmer sa flamboyance dans les lointains mystères de l'Ouest. Se jouant de ces mille et une métamorphoses, le miroir d'eau décuple les caprices du kaléidoscope de l'orient obscur. Reflets de splendeurs divines au travers du prisme outre mer des fantaisies marines. 

Comme par enchantement, à chaque nouvelle saison il réapparait en ces lieux qu’il eut un temps fréquentés, imprégnant les instants fugaces, le temps qui passe, les souvenirs qui s’effacent, dépassés par la précipitation de promesses de félicité.  L’air marin, les eaux salines, la terre de sable, le feu du ciel, l‘immensité de ces territoire de solitude, intemporelles chroniques à potron-minet depuis l’ébauche des jours.

Illustration 4

Où peux t’il bien séjourner quand il chuchote tout bas ses émotions au sein des endroits secrets de la vie ? Qui est- il vraiment, voyageur des temps, silhouette en pointillé, fantôme d’un passé décomposé ? Le mystère reste intact, minutieusement calfeutré entre les fragments de fleurs desséchées de nos herbiers bohèmes.

Naufragé des âges, saltimbanque des ombres, maître de céans ancré dans le patrimoine du vivant, il ne cesse de hanter assidûment le contour des destinées, au chevet du monde dans l'encombre de fétus de paille. Une vie vertigineuse et fantomatique en son port d'attache dans la nuit des grandes lassitudes. Fenêtre ouverte jusqu’aux confins de la fin des terres.

Illustration 5

Dans la cohue quasi mystique des bains de mer, chacun passe sans toutefois l'apercevoir, tous pressés d'on ne sait quoi, ne sachant pas très bien que le temps, dimension subtile, leur est conté, décompté selon la malédiction divine, héritage de la traversée des temps.

Seuls les enfants animés de cette candeur subtile s'étonnent de son immuable présence. Rien d'exceptionnel en soi. Le temps de l'innocence n'étant qu'éphémère, pressés de s’extirper du cocon douillet, bientôt ils perdront de vue cette chimère d'un autre monde. Jouets cassés, doudous profanés. Enfance sacrifiée. Perte d'idéal. Soif de banal. Nouvelle vague à l’assaut de folles conquêtes. Clairvoyants d’hier frappés de soudaine cécité.

Illustration 6

Inébranlable, flegmatique, invisible, il ne cesse de scruter chacune de ces générations qui s’effilochent au fil des décennies. Enfants d'hier, grandis, mûris, conquis, ils entraineront leurs mômes en ce coin de villégiature d’été, espérant glaner ça et là quelques bribes de souvenirs d'antan, enfuis dans la boite à souvenirs qui les a vus grandir au gré des saisons estivales.

Ensemble ils bâtiront des châteaux de sable que la marée montante s'empressera d'engloutir dans ses entrailles. De folles péripéties à l'équilibre des contraires. Miroirs de ces existences vouées à disparaître dans les méandres des époques. Ce qui fut n’est plus que poussière, grain de sable sépia.

Métronome des marées, le rappel des équinoxes, complices de la fanfare des saisons. En ces instants de tournoiement viennent s’ajouter l’ivresse fugueuse du prochain envol des oiseaux de passage. Sous l'essor des vagues, la primeur des bains de mer s'en est hâlée. Au déclin de cette bulle de sérénité, ils s’en retourneront en leurs pénates, happés par les tourbillons de l’éphéméride.

Une saison en chasse une autre,  la course de l’astre lumineux  s’éclipsant sous d’autres latitudes plus clémentes. Les visages, les souvenirs, les amours, les sentiments, les instants, tout s'efface d'un simple trait de plume. L’éphémère, simple passade des temps, en noir et blanc. Juste une chimère des temps…

Illustration 7

À présent, lui seul, gardien de la trace des annales écaties. Le regard malicieux qui aime partager un peu plus ce qui nous enveloppe et nous entoure. Cheveux gris emprunt de nostalgie. La vie qui file entre les doigts. Lui qui conte les mots, ceux qui se faufilent entre les mailles. Tout change et rien ne bouge vraiment.

Certains éléments demeurent, imperturbables, le rire des enfants, le cri des mouettes de l'aube naissante jusqu'au derniers rayons du crépuscule, l'iode des embruns, le clapotis des flots, le cérulé de l'Olympe, l'infinie langueur des paysages  à perte de vue.

Récit d'une vie intérieure dont le fil s'enroule peu à peu autour de l'éternel, vocation poétique se déployant dans les métamorphoses de la vie. Un phare,dans l’écueil de la nuit…

Illustration 8

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