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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 20 avril 2020

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À SENS INTERDIT

« le sens du toucher est le sens dont la privation entraîne la mort des êtres vivants » Aristote

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Ne serons- nous point, bientôt plus que de simples êtres de distanciation sociale, coupés de toute réalité du monde, privés de tout contact physique, charnel et fraternel, soumis à de simples et uniques échanges virtuels, tenus à l’écart les uns des autres, forclos par gestes barrières? Pourrons- nous supporter indéfiniment cette solitude de masse imposée, sans impact, sans névrose ? Que va-t-il advenir de notre sensibilité émotive et tactile, patrimoine de notre espèce ? Allons-nous sombrer dans cette hypoesthésie collégiale, perte de notre sens du toucher ?

Allons-nous devenir d’hypothétiques rats de laboratoire, cloitrés entre quatre murs aseptisés, scrutés nuit et jour par mille yeux avisés d’une armada d’apprentis sorciers ? Allons- nous accepter le paramétrage systémique de nos analyses globales ? Allons- nous troquer nos affects et nos émois contre un faux semblant de garantie d’assurance vie ?

Allons- nous, nous livrer, corps et flammes dans les tourments de cet Éden stérilisé, privés de toute substance existentielle, masqués, vaccinés, médicalisés, vivants certes, mais morts vivants ; la survie de l’espèce sous respirateurs artificiels ! Allons- nous être la toute première génération d’Immortels, au plus près de nos dieux protecteurs ?

Allons-nous céder à l’odieux chantage du flicage intégral de nos vies, de nos allées, de nos venues ; traqués, triés, fichés, analysés par cette intelligentsia restrictive de nos libertés fondamentales, nos intimités en pâture à leurs sombres desseins. Allons- nous vivre, ou survivre dans un monde ultra globalisé, sous la tutelle d’un État totalitaire, garant de nos destinées, sous ordonnances, sous assistance d’applications et sous influence de notifications.

Nous ne sommes point en guerre et nous ne sommes point malades. Qu’on se le dise ! Malgré tout, nous voilà devenus dépendants, tributaires de ce virus imparable, venu bousculer une part du destin de l’Humanité, et mettre en péril leur monde d’économie globalisée. Le colosse aux pieds d’argile s’est enrhumé, voilà qu’il tousse ! Est-ce une raison louable pour abdiquer sans concession, pour rétrocéder l’intégralité de nos droits, sous condition d’échanger de plein gré, nos pulsions de vie contre leurs pulsions de mort ? L’après sera-t-il pire que l’avant ?

Qu’allons nous faire de nos destinées ? Allons-nous vivre sans relâche sous cloche, sans ne plus rien dire, sans ne plus rien faire, sans plus aucune forme d’expression et sans aucun semblant d’opposition ? Nous valons bien mieux que tous les algorithmes boursiers et quelques points de PIB ! Ne nous y trompons pas, ce n’est point pour notre avenir qu’ils s’affolent sans commune mesure, ils ont juste besoin de petites mains laborieuses pour remettre en route leur frénésie du toujours plus.

Allons- nous recommencer comme si de rien n’était ? Allons-nous à nouveau tout sacrifier ? Allons- nous céder, flancher, abandonner ? Allons- nous rester prostrés, les bras croisés paralysés et tétanisés face à l’ampleur de la tâche ? Allons-nous nous réveiller de cette torpeur ? Allons- nous résister au cataclysme ?

Nous voilà à un tournant de notre destinée, comment allons-nous négocier le prochain virage ? Allons-nous rêver nos vies ou vivre nos rêves ? Nous avons goûté les délices du temps suspendu, en pointillés, appris à savourer toute la richesse de l’instant, présent. Nos vies ne sont plus uniquement de longues courses folles, sans raison, sans but, sans fin. Nous avons retrouvé et redonné un sens à nos existences et nous avons réappris à faire plus de choses avec moins de moyen. Nous voilà redevenus familles, partages, échanges. Que de belles vertus retrouvées en ces temps de contrainte ! Cessons d’être habités par leurs propres peurs. Soyons l’éveil de nos consciences, soyons l’Après. C’est un défi qui frappe à notre porte.

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