Je ne suis plus que soumission chimique.
Je ne suis plus que conte à dormir debout.
Je ne suis plus que Belle au bois dormant.
Je ne suis plus que poupée de sirs, poupée de sons, dissonants.
Je ne suis plus que marionnette de papier gras et de chiffon.
Je ne suis plus que pantin inanimé, accablé par la fatalité.
Je ne suis plus que sex-doll en résine de silicone, figurine désarticulée.
Je ne suis plus que bibelot de pacotille, que l’on use et que l'on jette.
Je ne suis plus qu'objet sexuel au sévices de la cause masculine.
Je ne suis plus que fantasme de libido débridée, fleur du mâle.
Je ne suis plus que bout de chair inanimée, consommable à souhait.
Je ne suis plus que brouillon de draps souillés.
Je ne suis plus que promesse d’icone pornographique.
Je ne suis plus que déploiement de stupre et lubricité.
Je ne suis plus qu’abus, tombé à la renverse.
Je ne suis plus que viol et violence.
Je ne suis plus que bagatelle, ni femme, ni maîtresse.
Je ne suis plus que babiole, ni amante, ni aimante.
Je ne suis plus ni favorable, ni consentante, ni expansive, ni spontanée.
Je ne suis plus que tragédie des mœurs.
Je ne suis plus que cette histoire déjà en marche.
Je ne suis plus que….
Et vous autres, figurants anonymes faussement absents, sous vos visages dissimulés et vos têtes baissées, qui êtes vous donc ? Père, grand-père, fils, mari, conjoint, individu, homme sans foi ni loi, gonades dégoupillées, étendard recroquevillé.
C’est l’heure du revirement, la douleur exposée sous le feu des projecteurs, la noirceur des âmes étalée au grand jour. C’est l’heure où personne n’espère plus du tumulte de l’humanité, du désordre du monde, de la félonie des êtres, des bras croisés, des paroles tues, des bruits figés dans les silences à bout de souffle.
Et parce qu’il ne s’agit presque plus d’eux, parce que quelque chose d’essentiel doit s’accomplir, parce que chacun de nous guette ce moment tant appréhendé, pour que le monde aille un peu moins mâle.
Je ne suis plus que résilience...