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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 24 octobre 2023

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ALLÉGENCE À LA CLOSERIE DES LYS

La fleur des rois et des saints n’est point si pieuse qu’elle n’y paraît, puisque le lys incarne les amours secrets et impossibles. Implicite langage des fleurs, le lys soupire ces quelques maux : « Je te désire secrètement ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© Vent d'Autan

La lumière se fond dans l’encre de ses yeux. La pénombre se brouille. Au terme de la course céleste s’éclipsent mille chimères. Passent les nuits sans lune. Retiens la sorgue.

D'un revers de main faussement désinvolte, avec fort délicatesse elle efface de ses épaules les fines bretelles de sa robe légère, laissant choir à ses pieds l'imprimé de tissu révélateur de sa soudaine nudité. Sans gène aucune, en clair obscur elle apparaît dans le plus simple des apparats dévoilant de façon crue et sans complaisance les formes troublantes de son corps à la grâce des dieux. Céleste Aphrodite aux yeux de braise. Divine et palpable, liée à l'inéluctable force de l'amour, intime communion avec l'univers.

Quelque peu gêné de cette soudaine déconvenue, il détourne le regard, fuyant l'intensité des lignes subtiles comme pour éviter toute pulsion masculine mal interprétée. Pudeur faussement déguisée sous les affres d'un féminisme ardent porté à bout de bras par quelques amazones en mâles de polémiques. Difficile d'incarner ce fébrile statut de primate des temps modernes.

À l’écart du monde, la frénésie de leurs amours passionnées incarne l’ivresse du vin nouveau. Ainsi se dévoile la symphonie des liaisons éphémères, vouées à l’éclipse des sentiments déchus dans les plis des draperies de lits. Communion de deux corps, de deux peaux, de deux âmes vouées à l'accord charnel.

Illustration 2
© Vent d'Autan

Son sourire malicieux, sa main prompte à saisir son désarroi, friande de faveurs divines elle l'entraîne sans grand peine jusque dans la tiède moiteur de la salle d’eau.  Étourdi par la volupté de sens, sa vision se brouille, happée par le lien sulfureux qui tait son nom. La joue posée sur son épaule, d’une voix suave à peine chuchotée, ces quelques mots susurrés imbibés d'embruns dans l'écho d'un coquillage posé au creux de l'oreille. Comme un appel à l’exaltation des sens en émois.

Sans retenue il se laisser entrainer tel un mendiant timoré, le regard perdu dans les limbes de quelque auréole. S’en aller, s’échouer sur ce bateau ivre, la suivre jusqu’au bout du monde, fuir là bas avec elle, où dans l’infini des mers s’égarent les terres inconnues, en proie à la perdition des âmes dans le soubresaut des bougies fondues. La rose et les épines.

Illustration 3

Jaillissant avec force du pommeau de douche, l'eau ruisselle en fines gouttelettes sur la courbe frivole de ses reins soulignant chacun des grains d'or de sa peau cuivrée. Leurs mains se croisent, leurs corps se frôlent en d’indicibles arabesques. Alchimie des corps en proie au récit de la passion. La fièvre et le feu, lyrique et poétique, par une sorte d’envoûtement radieux.

Alors sa beauté parait encore plus trouble, invoquant démons et miséricorde. Ardente, soit, après en avoir goûté les voluptés suprêmes. Enlacés, entrelacés, unis, réunis, prostrés, figés, étroitement liés l’un et l’autre, enchevêtrés l’un dans l’autre, en cette gracile pause donnant fil à retordre au plus malicieux des casse-tête chinois. Intimes et inséparables, clé de voûte des palpitantes tournures de l’amour solennel.

Ce matin là il s'éveille dans les chatoiements de l’aurore, à ce point de bascule où après une nuit torride se séparent les amants d'un soir, chacun reprenant le cours de sa vie comme si de rien n'était. Simple parenthèse de douceurs murmurées, épris l'un et l'autre dans les tourments de l'amour passionnel, chacun consumé dans les flammes de l'extase. L’innocence des limbes en guise de ciel.

Illustration 4
© Vent d'Autan

Débauche des corps face aux dérèglements de sens. Péché véniel, péché de chair. Les cœurs ébranlés par la poésie des sensations, emportés dans les méandres de la passion, terrassés par les lyres et les délires de cette frénésie. Les amants en gardent une certaine félicité, et dans cette grande alchimie qu’est l’amour, l’insouciance se moque des lendemains qui déchantent.

« La plus grande tentation, c'est de ne point avoir de tentation. » Saint Augustin

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