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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 24 novembre 2025

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TU NOUS FAIS TOURNER LA TÊTE !

« Le manège est sur la place les chevaux sont blancs » Anne Sylvestre

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Ville éphémère la fête foraine papillote de mille feux, bruit de mille sons, exhale mille odeurs. Dans les bras de Morphée le jour, au mitan de l’après-midi la voilà qui s’éveille dès que la foule guillerette envahit les allées bordées de stands colorés et de manèges enchantés.

Sur l’esplanade en liesse des myriades de bazars de plein vent avaient pris place à l’ombre des grands marronniers au plumeux ramage. Une nuée hétéroclite de promeneurs déambulait nonchalamment autour de cette enceinte fantasmagorique. À tue-tête, dans une cacophonie d’enfer, une armada de haut-parleurs diffusait des rengaines de musique syncopée, bruyante et rythmée. Charivari trois jours de suite !

Dans les allées exiguës, une cohorte de jeunes, à la queue leu-leu, poireautaient devant les manèges, pour profiter à l’envi de ces instants de fugue. Moult rabatteurs apostrophaient les badauds à qui mieux mieux. Quoique modernes qu’aient été les installations, impossible de ne pas se laisser tenter par les tout nouveaux modèles d’autos-tamponneuses, rouges, bleu-vert et jaune clair. Il fallut qu’un carambolage se produisît pour que le tenancier en vînt à redouter un accident. 

Des toboggans géants trônaient de manière éphémère sur les terre-pleins. Une jeune fille s’était laissé tenter par les montagnes russes, au rythme ô combien fou des nacelles virevoltant dans un ciel bariolé d’éclats de voix. Elle se serait bien laissé griser ad vitam aeternam, quelle que soit la vertigineuse cadence de ce féerique tourbillon. 

Raidis sur les chevaux de bois les marmots se délectaient de succulentes barbes-à-papa. Au volant d’une coccinelle, sur le dos d’une licorne, à bord du camion de pompiers ou au manche d’un vieux coucou, nos chers chérubins bouche bée, des étoiles plein les yeux. Et pour un tour de carrousel en plus tous prompts à décrocher le pompon. Tournez manège!

À l’écart du boulevari ambiant la pêche aux canards suscitait toujours autant de succès. Chaperonnés par les grands-parents, arrière-grands-parents et autres aïeux qui s'étaient plu à tenir la canne bien avant eux, les tout-petits faisaient fi du tohu-bohu ayant de quoi donner le tournis aux plus intrépides. Sans hâte chacun flânochait au hasard autour des baraques foraines. Quoiqu’il en fût tous retrouvaient allant et gaieté. L’effervescence à son comble.

Une kyrielle de serpentins entremêlés voletait ça et là, tandis qu’une escadrille de cerfs-volants planait en silence dans l’air survolté. Plus loin une giboulée de ballons de baudruche tapissaient l’azur du ciel. Nombreux spectateurs qui s’étaient laissés tenter au grand bazar de la loterie, discutaillaient au cœur de cet ébouriffant brouhaha.

Se pavanant sous la féerie de guirlandes étincelantes, la grande tombola portait aux nues  mirifiques merveilles — sémillantes poupées à tête de porcelaine et prunelles d’émail, ours en peluche ventripotents,  polichinelles de bois et pantins burlesques à la silhouette désarticulée. À bout de souffle, la sono éraillait sa flopée de décibels. D’une voix nasillarde  saturée d’effets, une cagole peroxydée haranguait l’innombrable légion de crédules. Véritable phénomène de foire au bagou populacier. « Approchez, approchez bonnes gens ! Venez donc tenter votre chance. Roule ma boule. Roule ma poule !» Larsen et distorsion, sempiternelle attraction.

Campée face à sa roulotte de bohémienne, une cartomancienne au penchant rococo, enrubannée de passements de soie et de volants de guipures, proposait de lire l’avenir au creux des plissements de la main. Pour quelques menues piécettes sonnantes et trébuchantes elle prophétisait de décrocher une à une les étoiles du firmament pour changer l’incorrigible loi de la destinée. Sous d’heureux auspices elle tissait le fil de l’infini disséminé aux confins de l’horizon. 

Du côté du Pierrot Gourmand, la gourmandise n’avait pas d’âge, l’espièglerie non plus ! Bicoque colorée aux saveurs exquises, l’étal des confiseurs dévoilait une débauche de friandises pour le plaisir des sens. Pommes d’amour, berlingots, rouleaux de réglisse, oursons en guimauve, nougats, pralines, sucettes, sucres d’orge, boules de coco, caramels au beurre salé, bubble-gum, roudoudous, coco bohème, mistral gagnant et même têtes de nègre, mais chût! Bonbecs d’antan,  paradis édulcoré de l’enfance en culottes courtes.

Et pour une pause gourmande les spécialités d’ici qui ne sauraient laisser aucun convive indifférent. Au rendez-vous, sous cloches de verre, échaudés, curbelets, macarons soufflés, croquants de Cordes, janots à l’anis, et gimblettes d’Albi. Saveurs tarnaises à l’honneur. Quoique harassé par telle ferveur populaire, à reculons chacun fit ses adieux à ces lieux envoûtants, emportant avec soi d’ineffables souvenirs qu’il se remémorerait jusqu’aux festivités prochaines.

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