vent d'autan (avatar)

vent d'autan

Je ne suis qu'un rêveur...

Abonné·e de Mediapart

308 Billets

7 Éditions

Billet de blog 25 août 2025

vent d'autan (avatar)

vent d'autan

Je ne suis qu'un rêveur...

Abonné·e de Mediapart

FESTEJAR !!

Aux premiers jours de l’été, chaque petit village du Tarn devient plus fébrile et se pare de couleurs festives. L’occasion de se retrouver pour festejar. Chacun y est le bienvenu ! Festejar = faire la fête, en occitan.

vent d'autan (avatar)

vent d'autan

Je ne suis qu'un rêveur...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© Vent d'Autan

Véritable institution locale, depuis les années soixante dix le premier vendredi du mois d’Août, par ici la fête bat son plein. Parée de ses plus beaux atours le petit bourg champêtre prend soudain des allures de grande dame. Incontournable moment festif l’évènement manifeste le début de la période de commercialisation de l’Ail rose de Lautrec.

Estampillé Label Rouge, l’emblématique bulbe alliacé devient la coqueluche du pays de Cocagne. Incontestable vedette au caractère fort trempé, cet ail aux mille et une vertus contribue à la fierté et à la renommée de ce bout terroir enraciné entre les vallées de l’Agoût et du Dadou. Véritable ambassadeur régional sa réputation s’étend bien au-delà des alentours jusqu’à s’exposer fièrement sur les étals des plus nobles marchés de province et d’ailleurs.

Deux jours entiers de moments festifs et conviviaux avec en prime un  programme des plus éclectique : concours de compositions artistiques confectionnées uniquement à base d'ail, bien entendu. Concours de grappes réalisées par les producteurs locaux. Concours de la meilleure tarte à l'ail rose. Clou du spectacle le concours de la plus longue manouille. Sans oublier l’incontournable dégustation de la fameuse soupe à l’ail rose au son de la graïle et de la craba lors du défilé des confréries. Le tout enjolivé par le proverbial marché aux saveurs de produits de terroirs et d’artisanat ainsi que de nombreuses autres animations à découvrir au fil de déambulations Lautrecoises.

Illustration 2
© Vent d'Autan

Quésako, la manouille ? Produit à partir d’une drastique sélection de variétés locales et ancestrales, l’ail rose de Lautrec est une catégorie typique du Tarn. Structuré d’une dizaine de gousses légèrement rosées appelées caïeux, il  se présente traditionnellement en grappes délicatement  tressées à la main tout autour d’une tige rigide nommée manouille. Faut dire que par ici on ne tresse pas l’ail, on le met en bouquet — nuances! Au cours de la fête, plusieurs équipes de sept à huit emmanouilleurs confectionnent la plus longue manouille de l’année. Ce soir là record battu, une manouille de 24,50m de long  a parcouru le village dans un enthousiasme des plus endiablé.

Indissociable de la cuisine tarnaise, l’ail rose de Lautrec est devenu  un fleuron privilégié de la gastronomie hexagonale. Réputé pour ses incroyables qualités gustatives, sucré et subtil, son arôme n’altère point les papilles. Très apprécié en cuisine sa texture fondante lui permet de s’accorder harmonieusement avec chacun des plats qu’il sublime. Quasi indispensable dans tout garde-manger qui se respecte.

À cru, cuit ou mitonné à petits feux, par ici l’imagination se décline au coin de chaque porte. À l’apéro, en entrée, en plat principal ou encore en dessert— mille et une façons de l’accommoder, de le sublimer et de le déguster. Tout un éventail culinaire pour gourmands et gourmets. Velouté à l’ail, préfou à l’ail, flan à l’ail, tatin à l’ail, tartiflette aillée, frites à l’ail, sauce crémeuse parfumée à l’ail, vinaigre à l’ail et même aperçu sur un stand — du rhum à l’ail ! Nul vampire à l’horizon. Aïe, aïe, ail ! 

« Décrochez-moi ces gousses d'ail  qui déshonorent mon portail. » Jacques Higelin

Illustration 3
© Vent d'Autan

Classée parmi les "Plus Beaux Villages de France", indissociable de son Ail rose la cité médiévale invite à la découverte de son patrimoine exceptionnel. À l’écart du brouhaha tonitruant, l’instant d’une parenthèse les lieux remontent le temps au détour des venelles bordées de monuments à l’architecture remarquable. Entre chaque interstice, les vielles pierres des remparts  chuchotent ce passé glorieux à qui veut bien y prêter une oreille attentive. Juste après la porte fortifiée de la Caussade, un véritable livre d’histoire ouvre ses pages enluminées ! De quoi succomber au charme indéniable de cette perle de Cocagne.

Impressionnante par ses dimensions, la collégiale Saint-Rémy, divin orgueil du XIV ° siècle,  s’étale de tout son long sur près de 40 mètres. Dans la rue du Mercadial, l’ancien couvent des bénédictines, devenu ensuite mairie au cours de  la Révolution. En flânant ça et là on peut admirer les façades à colombages de maisons en encorbellement, puis tomber nez à nez avec l’atelier du sabotier pour s’immerger dans cet univers ancestral. Et en levant un peu plus haut les yeux au ciel d’azur, pour parfaire le décor on découvre les enseignes de ces métiers d’antan.

Au carrefour de ce labyrinthe de mystérieuses alcôves trône la place des couverts entourée d’imposantes halles du XV° siècle, accentuant le cachet intemporel de la bastide. Les plus audacieux ne manqueront pas d’emprunter le vaste escalier de pierre qui mène jusqu’au moulin à vent perché sur la colline. Ne reste plus qu’à y siffler la chansonnette de Joe avec un petit bouquet d’églantines. Juste à côté, un ancien moulin pastelier, dernier témoin de l’essor d’antan de l’Isatis Tinctoria, or bleu du Tarn. Haut lieu de commerce de ballots de Pastel, Lautrec fut un des ambassadeurs de cette époque faste du pastel des teinturiers. Au cœur du village un authentique atelier de teinture exhibe la vie en nuances de bleu.

Illustration 4
© Vent d'Autan

Adossé à un vaste plateau calcaire, Lautrec domine toute la plaine du Castrais. Du haut de son piton rocheux, le Calvaire de la Salette offre un magnifique panorama sur la vallée de l'Agoût, avec en fond les contreforts de la Montagne Noire et le massif des Pyrénées. À perte de vue les regards se perdent dans l’immensité de ce territoire soumis aux caprices de l’Autan.

En contrebas du castrum du vicomte, ceinturé par une double enceinte de remparts et de fossés, exposé au levant le village s’accroche à flanc de coteau. Haut lieu de refuge et de résistance, au cours du Moyen Âge il fut l’un des fiefs de la croisade des Albigeois, où la vicomté passa successivement du côté des croisés et du comte de Toulouse. Époque trouble d’un douloureux passé dont les traces demeurent intactes dans l’esprit des lieux, cathares au plus profond des racines.

Berceau familial du célèbre peintre croqueur de la bohème parisienne, la cité de Lautrec obtint sa notoriété grâce aux grandes familles de vicomtes, dont sont issus les ancêtres de Henri de Toulouse-Lautrec-Montfa.  Sa famille possédait également le château de Montfa où naquit son père. Erigé sur une colline à quelques lieues de Castres, grâce à une équipe de bénévoles il retrouve peu à peu sa beauté ancestrale. En toute quiétude le sentier des Puechs offre de magnifiques points de vue sur la campagne environnante. On ne peut que s’y dépayser au gré d’une escapade bercée par la lumière du jour au travers des futaies. Juste une éclaircie qui, l'instant d'une grâce, vous ramène à la vie.

« La vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie. « Alain Souchon

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.