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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 27 octobre 2025

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QUELQUE PART UNE PORTE DÉROBÉE

« Ce n'est plus une parole, un logos, c'est un acte tissé dans le plein du réel. » Paul Ricœur

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© Vent d'Autan

En quête de pierre philosophale l’alchimiste psalmodie le gribouillis de boucles enchevêtrées. Ferveur quotidienne suspendue à l’éloge de la Trinité. Parole — Pensée — Logos. Mystère vivant que seule la foi permet d’appréhender en toute sérénité. Une vie recluse, à l’écart du monde. Quatre murs nus. Une table désuète. Un fauteuil de cuir avachi. La pièce inondée de lumière — tantôt céleste — tantôt profane. Aucun signe ostentatoire, ni sainteté, ni crucifix. Le bon dieu sans concession. Simplicité à l’œil nu.

Une vie monacale, quasi carcérale. Pas de barreaux à la fenêtre. Pas de porte barricadée. Pas d’ange gardien. Et pourtant, tout autour ces mêmes remparts de solitude. Refuge verrouillé à double tour, fécond et studieux, prêt à assouvir autant d’accords lyriques  que de rêveries poétiques. L’impatience du papier n’espérant plus que le panache de la plume. Esquisses que seules ponctue le souffle créateur passant une main invisible autour du même grain de sable.

Au dehors la vie qui se faufile en courants d’air. Cette succession de jours fertiles suivis de nuits vagabondes. Infini labyrinthe de secondes éparpillées l’instant d’un éclair. En un rien de temps un chapelet d’ombres parmi les ombres faussement somnambules, précipitées à la lisière du sommeil des justes. Jours sans. Sans faîte, sans gloire. Cent  jours et plus à côtoyer les abîmes de  l’humilité, entre recueillement et contemplation. Ferveur expiatoire de l’ermite retranché dans le silence de contrées désertiques. Dialogue de l’âme vacillante.

À l’arrière de la fenêtre, impassible, faussement détaché, il guette l’instant fécond, prêt à capturer la moindre étincelle, la moindre parcelle de vivant transfiguré qui viendra se poser sur le seuil de sa langueur d’exil. À l’autre  bout de cette terre promise, l’étincelante douceur de vivre en catimini sous la candeur de la feuille blanche. Vierge de toutes les déchirures du monde en proie aux diableries nouvelles.

Lovés dans l’écrin de l’écritoire, les mots, ankylosés, substance de l’intime. En d’autres temps plus anciens ils auraient pu revêtir  la bure lourde et rêche au sein de la confrérie des colporteurs de parchemins. Humbles messagers d’œuvres célestes maintes fois  recopiées. À l’entour de ce solennel étalage ne subsiste plus que mélancolique poussière de paroles fébriles. Jusqu’aux vapeurs des aubes naissantes, chacune d’entre elles aussi rares que précieuses, convoitées par les plumes d’ange. Sacrifice d’une vie dévolue.

Par la dévotion de ses prières, peu à peu l’échine se courbe, maintes tensions se cristallisent en assauts désordonnés. Pris au piège de ses propres tourments, l’alchimiste ressent l‘impalpable exigence d’interpeller le ciel. Oublieux du monde il baisse la tête tout en murmurant d’une voix haletante l’impatience effrénée à poursuivre le labeur quotidien. Un fil tenu, une passerelle invisible par-dessus cette vie dévolue, sacrifiée aux tribulations de papier enluminé d’encre dorée. L’écriture, ce long chemin qui, de temps à autre mène jusqu'à soi.

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