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Avancer ou reculer ? Sempiternelle équation à choix multiples que chacun se pose à l’aube printanière et à la saison des feuilles mortes quand la genèse des cycles exhorte les grandes marées à bousculer l’entendement. Malgré les prises de tête arithmétiques faisant fi de moultes tracasseries cycliques, l’astre étincelant se lève à sa guise sur l’aube du monde. Qu’importe la dissonance des horloges et autres coucous suisses, le ciel ne saurait attendre.
Tout aussi puissant que poétique, son brasillement aux accents spirituels rayonne chaque jour d’une aura inégalée. Au gré de son intuition, voilà qu’il prend forme d’un songe, cérémonie incantatoire, rituel chamanique, seule voix possible pour retrouver le faste de la lumière à travers le prolongement de la vie. Tout ce qui nous enflamme, nous bouscule et nous enivre dans les splendeurs moirées de l’horizon. Saisi par cet intime ressentiment de fini et d’infini face auquel chacun ne peut que s’incliner. Chassé croisé au temps des éphémérides.

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Dans les méandres de la vie qui défile telle une pépite à savourer sans modération, les générations se succèdent au creux du crépuscule d’une dynamique sans fin. Comme une fresque inachevée riche en passions humaines. Continuum dont le temps, invariable sentence, reste inséparable de l’espace. Voyage aux confins de la relativité établie par Einstein. E = mc². Équation fondamentale qui a changé la face du monde. Patience et longueur de temps.
Donnée immatérielle, le temps raconte à sa façon l’origine de l’incroyable destin de l’humanité, vouée à le contraindre en fraction de secondes, compilées de manière imminente. Signe d’une puissance divine allouée par le ciel et ses disciples à ceux qui s’en accommodent, pour le détenir et le maintenir à la fois comme enjeu et comme emblème. Il faut laisser du temps au temps. Ecce homo.

Un saut à travers le temps, influence directe sur notre approche intuitive de la tyrannie des heures. Fugitives compagnes de solitude qui jalonnent cette longue route qui sillonne jusqu’au pays des morts. Sur quoi repose le monde à ainsi organiser sa propre vie, vision cyclique inspirée des métamorphoses de l‘existence ? Intervalles dissonants. Laps de temps.
Au royaume supendu entre ciel et terre, elles apparaissent ici comme d’infatigables servantes de la cause. Filles de Chronos qu’Ovide dépeint « placées à intervalles égaux sur le trône du Soleil», les Heures président aux circonstances propices pour l’épanouissement de la vie sous toutes ses formes.
Hôrai, déesses que les poètes se plaisent à confondre, celles qui rythment les principales activités de la journée dès la pointe de l’aube vers la dernière lueur du jour.
D’Augé jusqu’à Arctos, l’accomplissement des figures mythologiques. Rite universel qui l’air de rien, parfois nous fait prendre quelques vessies pour des lanternes. Entre transitoire et éphémère, la compagnie des quatre saisons à ciel ouvert, depuis la nuit des temps.

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Chacune et chacun d’entre nous jongle avec les artifices de sa propre destinée, résultante de la part réservée à tout être. Puissances divines du destin, les Moires, tisseuses de destinées, déroulent le fil de la vie du commencement jusqu’au dénouement final. Klotho, la Fileuse, Lachésis, celle qui préside à l’attribution du sort et Atropos, l’Inflexible. Inextricable jeu de piste au travers de la fuite des temps.
De fil en aiguille, porté un irrésistible mouvement, l’impression d’avoir brassé des torrents de souvenirs et attendre qu’ils se sédimentent à la découverte de territoires réinventés. Par les temps qui courent, au sein des endroits secrets de nos vies, en deux temps trois mouvements, passer le temps, faute de le dissoudre, de l’absoudre. Tu es le temps. Tu hais le temps. Tuer le temps. Polyphonie à trois voies.

Plus nous cherchons à maitriser ce temps imparti, peine perdue, plus il nous file entre les doigts, minuscule grain de sable s’égrenant dans les rouages complexes d'un mécanisme hors pair. Ironie du sort que nul ne saurait contraindre. Partition laconique de la mise en scène du pouvoir divin par delà la pensée du transitoire dans le champ des passions. Comment mieux jouir de ce présent las ?
Ce qui fut, ce qui est et ce qui sera. Maître des horloges, mesure à trois temps. Entre passé, présent et futur, vivre l’instant, présent. Avancer ou reculer, manœuvrés dans ces mouvements de balancier aux heures qui sonnent à l’horloge des gares, des clochers, des cours d’école. Diagonale des variations. Antichambre des anecdotes de la vie par les temps qui courent.
A la poursuite d'un temps perdu, le fugace et l'insaisissable, entre ambitions, histoires d’amour et passions, le reste est sans importance. Si toutefois le temps peut nous sembler si cruel, nul ne peut ni le renverser, ni l’accélérer, ni l’arrêter. Même s’il semble parfois s’éterniser dans le labyrinthe de nos errances.
Passe, passe le temps, il n’y en a plus pour très longtemps.