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En ces temps ombreux, le ciel et ses apôtres ont revêtu leurs oripeaux de grisaille. Tant bien que mal, un à un chacun regagne ses pénates pour un brin de chaleur auprès de l’âtre. Le craquement des bûches, l’étincelle des flammèches, le rougeoiement des braises, cette ineffable douceur du foyer ardent. Saison de repli sur soi, emmitouflé l’un et l’autre dans l’intimité de l’entre soi.
À l’entour de la place du village, sous la ramure austère et dépouillée du grand marronnier, le vieux banc public délaissé aux seuls courants d’air et autres fientes d’étourneaux. De toute part le silence au complet dans l’abandon du ciel. Aux grandes heures de la mélancolie le néant fripé dans les replis du lointain.
Bien trop frileux pour être honnêtes, à contre cœur les pipelettes du quartier ont déserté les lieux, reclus en leurs persiflantes rancœurs. Ni ragot, ni potin, ni commérage, ni médisance, tout le fiel de conversations entre pleutres mis en parenthèse. Les mots suspendus sur le fil à broder des qu’en dira t’on. Noirceur d’âme et venin de calomnie. Quand la haine se terre dans les détails, en rase campagne le croassement des corbeaux.
Ce jour là aucune rumeur ne poindra à la une. Point d’aigreur ne viendra écorcher les oreilles des justes. Calme plat, à peine le murmure du vent lutinant les tas de feuilles. Le luxe d’une certaine primauté. Relâche.