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Billet de blog 4 avril 2015

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Wi misyé Mona (jodi sanmdi gloria)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mots sculptés sur bois brûlé

Une mèche chauffée à blanc

L'orifice fraîche inaugure

Calumet fumant

La flûte végétale

 La fêlure se répète comme une chute sur la chemin de Golgotha

La passion messianique d'une impudeur ingénue

En sang chaud s'incarne d'une virilité presque nue

L'incendie ce serait peu dire de l'embrasement de ses sentiments

L'éclat de sa colère vomit l'injustice

Entre métaphore et martèlement

Le mot s'honore dans la musicalité d'une peau grattée

Un souffle évadé d'un alambic creusé dans le corps de l'arbre à vent

Vaporise ses sonorités intimes

Un universel de l'hommage, de la fougue, du spleen, de la rage

Toutoune bambou-a

Dès lors, on a vu se rallier aux murmures suggestifs, aux cris de colère, aux propos énigmatiques, aux râles, aux ritournelles mélancoliques, des générations qui semblaient opposées.

Voilà enfin l'indignation sauvegardée, la morale au prix de la démesure. Par-delà ses frasques, le personnage séduit. Car sous ses pieds nus, il y a des mots écrits ; entre ses mains ce simple morceau de bois est un instrument que l'artisan a fabriqué et que l'artiste va faire vivre dans l'espace d'un intervalle qui s'appelle jeu. Ce jeu entre les pièces assemblées d'u même morceau, se déploie comme un cliquetis somptueux qui donne corps au vide afin d'illustrer la manifestation du désir chez un sujet à mesure qu'il laisse du champ à l'être. C'est aussi ce vide consistant qui entre en jeu quand l'artiste interprète l'œuvre.

Mona, se produisant en quelque lieu qu'il soit, se trouve d'emblée sur la scène monde où il apparaît à la fois si accessible et si insaisissable.

Des mots avortés pris au fond de la gorge de ceux qui vivent la misère au pays dit petit paradis sont portés par l'éclat de sa voix, tel un vent de cyclone driblant les cases d'un bidonville. L'instant d'une chanson ou peut-être pendant bien plus longtemps, une humeur froide, matinale, flotte dans l'atmosphère et gagne jusqu'à l'esprit petit citadin.

Quand on l'entend, cela respire l'ancien temps et pourtant malgré les récipients démodés...l'enchantement. L'enchantement d'une parole qui s'autorise des infractions au nom d'une esthétique sans fard ; ainsi se dégage une fente entre l'attendu et l'entendu.

D'heureuses éruptions au milieu du chant, une scansion scandaleuse, une claudication dite syncopée, à faire frémir les fanatiques de l'horloge parlante.

Car le parti pris de l'auteur Eugène Mona s'entend comme un furieux engagement à ne pas céder sur ce qu'il cherche à faire advenir.

Lancer comme des roches, ce qui se prête à dire, et tenter de faire entendre l'indicible de l'amour, de l'amour brut avec les mots affranchis de la nécessité de plaire, de l'amour d'un savoir en couches sédimentaires. Mona la centrale nucléaire de la joie donne aussi à voir une manière de vivre la souffrance.

                                                                                                                                                        Fort de France, 1999

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