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Billet de blog 21 mars 2025

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Trump : pas de bonheur sans religion

Dans sa folle régression vers un nouvel ordre moral, Trump non seulement fait interdire des mots soupçonnés de véhiculer des idées « progressistes », met fin à l'éducation publique (ce jour), mais fait la promotion du pire en termes de croyances. Grand retour vers les Pilgrim Fathers et leur fanatisme puritain.

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Illustration 1
Vidéo de Trump affirmant qu'il faut ramener Dieu dans nos vies

On ne peut pas être heureux sans religion. C'est ce qu'affirme l'homme à la peau orange, un peu agent de Poutine sur les bords (l'agent orange en somme).

Religion = bonheur. Bonheur, cette invention étasunienne protestante du capitalisme naissant, vieille d'à peine deux cents ans, et qui sanctuarise par ce simple non-concept, l'individualisme le plus violent comme principe dominant d'un système désormais planétaire.

Dans le protestantisme, le rapport à Dieu est individuel. On peut penser que c'est un progrès par rapport aux formes religieuses, chrétiennes ou pas, qui l'ont précédé.

C'est pourtant une descente supplémentaire vers une désespérance non seulement individuelle mais surtout collective. En enlevant la confession, cette mesure chrétienne qui permettait de s'ôter le poids de la culpabilité en en parlant avec quelqu'un et en en sacralisant l'aveu, le protestantisme a éjecté la personne justement de son rapport à Dieu, l'a isolé et, contradictoirement, a livré l'individu à la vindicte et à la vengeance par le collectif. Le rapport soi-disant individuel à Dieu devient procès publique, humiliation et punition publiques. Et on se souviendra que c'est la Réforme, ou sous l'influence de la Réforme qu'on massacra le plus de "sorcières".

L'hystérie collective des procès de Salem a tout à voir avec les massacres dans les écoles étasuniennes, les meurtres-suicides collectifs sectaires...

Le repli forcé sur soi, lorsqu'on est barré du "bonheur" individuel identifié à l'aisance matérielle, la relégation de millions de personnes étasuniennes dans des no man's land périurbains, avec mobilhome, humiliation et gun, sont le résultat de cette collusion idéologique "bonheur individuel+fric+dieu".

L'idéal de pauvreté chrétienne (au sens de simplicité volontaire) des mouvements protestants qui ont immédiatement suivi les prises de position de Luther, avaient enflammé les pauvres (paysans, misérables et enchaînés) au 16e siècle, et avaient débordé Luther et Calvin sur leur gauche dans d'authentiques mouvements d'émancipation et projets sociaux égalitaires (Thomas Münzer, thaborites, etc). A ce titre ces mouvements renouaient avec d'autres mouvements chrétiens qui les avaient précédés, dont les bogomiles, cathares, hussites, etc qui, sous l'idéal de "pauvreté" voulaient fonder une égalité de fait, un collectif plus fort et populaire face aux "Princes", et se débarrasser des mécanismes de l'argent, de la hiérarchie et ainsi de suite.

Mais à l'arrivée, comme toujours avec les mouvements "populaires", c'est à l'inverse qu'on assiste.

Luther trahit la possibilité révolutionnaire du protestantisme. Celui-ci intègre l'idée de prédestination des âmes qui suppose que la situation matérielle d'une personne valide son élection par Dieu (riche = élu), et les pauvres, paysans et manufacturiers sont massacrés... (1525, la guerre des paysans allemands).

Ainsi le protestantisme établit et abrite l'individualisme le plus crasse, une superficialité théologique grotesque, et sert de socle idéologique au capitalisme encore aujourd'hui, qu'on soit protestant ou pas, infecte les autres religions de ses superficialisations outrancières, et jusqu'aux pratiques corporelles comme le yoga, sommées d'associer bonheur, réussite personnelle et apparence physique dans une magistrale preuve que tout ça : c'est tout un.

Anti-intellectualisme, capitalisme, individualisme farouche, haine du collectif sauf s'il s'agit de groupe de pression, liberté confondue avec égoïsme...

Le protestantisme c'est cette pauvre théologie du bonheur matériel égoïste, adossée à une entreprise d'isolement des personnes de leur environnement, de l'humanité, et à un droit de prendre ce qu'on veut, de voler, de dominer, pourvu qu'on ait la force, le flingue, l'insolence : preuves que Dieu nous aime.

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