
Agrandissement : Illustration 1

Nous disons souvent de nos "élus", gouvernants, qu'ils ne nous représentent pas. Qu'ils représentent mal. Qu'ils n'ont pas à nous représenter, nous qui ne leur avons rien demandé.
Si, ils représentent parfaitement, excellemment, avec une précision rarement atteinte : l'abjection.
L'abjection du pouvoir, mais aussi l'abjection de la soumission. Car nous sommes soumis.
Aucun de nos moyens d'opposition à cette abjection pourtant flagrante n'est réellement efficace. Et nous le savons.
Aucun des discours que nous adressons à l'abjection du pouvoir et de sa manie de la répression qui ne sont pas traversés d' arrière-pensées, et avant toute autre, celle-ci : prendre leur place. Ne rien changer vraiment, aménager et tenir le plus longtemps possible.
Redécorer les bureaux.
Douches courtes, réforme, aménagement du territoire, réhabilitation de zones humides, ne pas toucher au confort, ne pas se séparer de sa montre connectée, manger bio 30% plus cher, vouloir la disponibilité du fromage à l'étal comme de l'accès à la Thaïlande ou au Mont Blanc.
Ne rien changer à l'existence de l'élection du maître. Tellement rassurant de faire qqchose pour que ça change, une fois tous les cinq ans. Pester quand ça n'est pas notre équipe qui gagne. Se rendormir. Douches courtes, apporter ses sacs pour le bar à vrac bio. Prendre son électricité chez Enercoop et payer 40% de plus "parce que ça fait sens".
Le syndicalisme, complaisant.
La lutte antifasciste, théorique.
La révolution, un mot creux.
L'urgence écologique, un discours pour temporiser le moment de s'en occuper pour de bon et qui est déjà trop tard.
Enfiler son sweat Sea Shepherd.
Des livres pour dire que le fascisme sera là, au futur alors qu'il est là, au présent. Des livres. Trop de livres.
Alors :
Se taire. Faire sans espérer le crépitement des flashs et les selfies avec les acteurs.
Faire tomber, faire cramer, sans rien vouloird'autre que la mort de ce système.
Vouloir au fond des tripes que ce système meurt. Vouloir.
Du fond des tripes.