
Petite ville, grosse affluence. une célèbre historienne vient parler des féminismes.
Belles réponses aux questions, aide à la réflexion entre féminisme essentialiste et féminisme universaliste. Féminisme universaliste, cela me convient et convient à l'historienne.
Débat, questions sur le wokisme, la psychanalyse, l'intersectionnalité ..., réponses nuancées mais mettant en avant la nécessité de universalisme. Beaucoup de respect dans les questions.
Mais rien sur la lutte de classes, rien sur le mouvement ouvrier. Avant-avant dernière question! Il était temps belle intervention sur les luttes ouvrières, l'impression de la personne qui pose la question, que les engagement féministes sur des bases de classe avancent en ce moment. Réponse en phase.
Illustration de l'article : 1924, grève des sardinières, Douarnenez
Et puis, patatras. C'est mon tour juste après cette intervention, j'avais demandé la parole depuis bien longtemps comme la précédente intervenante. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. La lutte de classe ne sera pas absente!
Inutile que je redise ce qui venait d'être dit, j'étais totalement en phase. Alors juste quelques mots brefs rappelant Luxemburg, l'apport au-delà d'elle du courant révolutionnaire dans les luttes pour les droits des femmes.
Alors étonnamment. Je m'y attendais vraiment pas! Attaque en règle :
Nous étions remonté.es pourtant loin dans le temps, mais là pour l'historienne, c'était du passé. Et puis les choses deviennent claires quand l'attaque frontale, la seule pratiquement de la soirée, se déroule : contre le marxiste en soi et pour soi, remarque très superficielle sur Engels, aucun autre élément, et surtout la remise en cause de ce qui fait en effet la spécificité du courant révolutionnaire : l'importance de la révolution sociale pour parvenir à la libération des femmes. Mots ironiques. Et deuxième moment de tristesse, la salle rit!!!
Alors je prends conscience pour la énième fois de ce qui rend la vie si difficile ici, c'est une salle imprégnée très globalement de la pensée bourgeoise qui est là et qui va se presser pour faire signer le livre de la grande historienne. Et l'historienne invitée vient de cette même classe.
Peu de conscience de classe, pas non plus de présence ouvrière, migrante dans la salle.
Alors juste pour être bien claire, ce courant que j'étudie depuis si longtemps, ne s'est jamais limité. Il a étudié toutes les formes de domination, qu'aujourd'hui l'on combat et qui ont fait l'objet de la soirée, le patriarcat, le mariage, la domination dans tous les domaines ... . Notre époque depuis Beauvoir en particulier a su apporter sa pierre au combat pour les droits des femmes, en analysant ce que les siècles précédents n'avaient pas encore fait, l'intime en particulier. Cela ne doit pas être opposé à l'existence et à la nécessité d'une lutte de classe toutes et tous ensemble contre le capitalisme qui vit de toutes ces domination. Un autre universalisme en fait. Qui n'avait pas vraiment de place en cette soirée!