
Les mômes qui meurent
Traduction Sika Fakambi
Je saisis sur le net, dans le cadre de mes recherches, Karl Liebknecht et je découvre ce poème de Langston Hughes "Les gosses (les mômes) qui meurent". ... lire : https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2023/11/langston-hughes-les-gosses-qui-meurent.comme-liebknecht.html
LE POEME
Ça c’est pour les mômes qui meurent,
Noirs et blancs,
Car les mômes mourront à coup sûr.
Les vieux et riches continueront de vivre un temps,
Comme toujours,
En mangeant du sang et de l’or,
En laissant les mômes mourir.
Les mômes mourront dans les marais du Mississipi
En organisant le métayage
Les mômes mourront dans les rues de Chicago
En organisant les travailleurs
Les mômes mourront dans les orangeraies de Californie
En expliquant aux autres qu’il faut se rassembler
Blancs et Philippins,
Nègres et Mexicains,
Toutes sortes de mômes mourront
Qui ne croient pas aux mensonges, aux pots-de-vin, au contentement
À une paix dégueulasse.
Bien sûr, les sages et les savants
Qui écrivent leurs articles dans les journaux,
Et les messieurs avec Dr. avant leur nom
Blancs et noirs,
Qui font des enquêtes et qui écrivent des livres
Continueront de vivre en tissant des mots pour étouffer le bruit des mômes qui meurent,
Et les tribunaux sordides,
Et la police avide de pots-de-vin,
Et les généraux assoiffés de sang,
Et les prêtres assoiffés d’argent
Lèveront tous la main contre les mômes qui meurent,
Les frappant à coup de lois et de matraques et de baïonnettes et de balles
Pour effrayer les gens —
Car les mômes qui meurent sont comme du fer dans le sang des gens —
Et les vieux et riches ne veulent pas que les gens
Goûtent au fer que sont les mômes qui meurent,
Ne veulent pas que les gens pigent qu’ils ont du pouvoir,
Qu’ils croient en un Angelo Herndon, ou même se rassemblent
Écoutez, les mômes qui meurent —
Peut-être que, là, il n’y a pas de monument pour vous
Sauf dans nos cœurs
Peut-être que vos corps se perdront dans un marais
Ou dans une tombe de prison, ou au cimetière des pauvres,
Ou dans les rivières où vous êtes noyés comme Leibknecht
Mais le jour viendra —
Vous pouvez être sûrs qu’il viendra —
Où les pieds des masses en marche
Érigeront pour vous un monument d’amour,
Et de joie, et de rires,
Et les mains noires et les mains blanches se joindront comme une seule,
Et un chant s’élèvera jusqu’au ciel —
Le chant de la vie qui triomphe
À travers les mômes qui meurent.