Une nuit dans Beit Lahya
A lire sur le blog de Roland Richa
Un homme dans la nuit
Je sombre dans la nuit la plus sombre
aucune étoile au firmament
aucune lumière à proximité
aucun feu.
Tous les arbres ont été abattus
tout le bois a été consumé
la terre est à nu
toutes les feuilles des branches ont été consommées.
Un chien errant me suit
il est chétif comme moi
mon frère du vivant
mon semblable.
Je sursaute aux cris d'un enfant
il a mal
il a soif
il a faim.
Je poursuis mon chemin
tout devant
au hasard
je traverse des murs éventrés.
La ville est un fantôme
j'avance
le chien a disparu
l'enfant s'est tu.
Le silence est mon compagnon de route
mes souvenirs emportés par le souffle
de la déflagration
ne sont plus.
Je perds la mémoire
celle de ma femme morte
celle de mes enfants morts
je perds la vue.
Je veux parler
prononcer quelques mots
je veux crier
impossible.
Je deviens sourd
je n'entends plus les vautours d'acier qui passent
au-dessus de ma tête
qui vont vers le sud.
Je deviens fou
Je sombre dans la nuit la plus sombre
aucune étoile au firmament
aucune lumière à proximité
aucun feu.
Par Roland RICHA
Samedi, 06 avril 2024
Plus de 300 000 personnes seraient piégées dans cette partie de l’enclave, incapables de la quitter depuis qu’Israël a coupé le territoire en deux.
Atteint par les balles, l’homme s’effondre, un petit ballot blanc à la main. La vidéo, diffusée par la chaîne qatarie Al-Jazira le jeudi 4 avril, décrit à nouveau une quête de nourriture qui vire au cauchemar. La scène se déroule à l’est du quartier de Chadjaya, à quelques encablures de la barrière de sécurité qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien. Des soldats ouvrent le feu sur des Palestiniens qui tentent de récupérer des sacs d’aide d’humanitaire parachutés par un avion transporteur C-17 de l’armée américaine, non loin d’une position israélienne. L’un d’entre eux est abattu alors qu’il s’éloignait en leur tournant le dos. Des chiens errants s’approchent. ( Par Madjid Zerrouky - Le Monde du 06 avril 2024 )