
https://www.youtube.com/watch?v=YnPQg5b4sjU
Si je dois mourir
Tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes affaires
pour acheter un morceau de tissu
et quelques ficelles
(fais-le blanc avec une longue traine)
Pour qu'un enfant quelque part à Gaza
regardant le paradis dans les yeux
en attendant son papa parti en fumée -
sans dire adieu à personne
pas même à sa chair
pas même à lui-même
vois le cerf-volant
mon cerf-volant que tu as fait
s'envolant tout là-haut
et pense un instant
qu'un ange est là
ramenant l'amour
Si je dois mourir
que ce soit porteur d'espoir
que ce soit un conte
Refaat Alareere, novembre 2023
Jean Ferrat,
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais, je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porte sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre, la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jetés ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
D'après Aragon,
Et cette bouche absente et Refaat qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète que l'on tue.
D'après Louis Aragon, Le fou d'Elsa
Le poète Refaat Alareer Poème "Si je dois mourir" (Refaat Alareer) Images de Palestine : Gaza, Bassem Abu Rahmeh (tué à Bil'in en 2009), Dessins d'enfants. Musiques : Jean Ferrat chante Louis Aragon Scriabine : Sonate 10 (Vladimir Sofronitski, 1960)
https://www.youtube.com/watch?v=YnPQg5b4sjU