Georges Abdallah, Lannemezan 2024, la Palestine au coeur

La Palestine au coeur.

Venu.es de près, venu.es de loin, un long défilé de personnes solidaires longe la prison de Lannemezan - mobilisation historique lit-on dans la presse -, comme tous les ans depuis bien des années avec la demande inlassable  de la libération de Georges Abdallah.

Comme tous les ans, venant de la prison, une déclaration de Georges est lue. Elle est toute entière imprégnée de la lutte, de notre lutte pour la Palestine.

Déclaration de Georges Abdallah

"Depuis plus de 185 jours, le peuple palestinien fait l’objet d’un génocide à Gaza et d’une criminelle stratégie de destruction systématique en Cisjordanie. Plus de 33000 morts à Gaza dont plus de 14000 enfants et plus de 75000 blessés, sans parler de tous ceux et celles qui sont enseveli·es sous les décombres des habitations détruites… Et la Résistance de ce peuple héroïque demeure inébranlable !"

Cher·es Ami·es, cher·es Camarades,

Peut-être serait-il utile de rappeler que la précédente manifestation solidaire devant cette Centrale, n’a été autorisée qu’après un recours devant le tribunal administratif…

En effet, il y a seulement quelques mois, les autorités concernées ont fini par cesser ’interdire les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien. Il n’en demeure pas moins, gare à celle ou celui qui justifie d’une façon ou d’une autre la lutte du peuple palestinien et évoque la légitime résistance face aux forces d’occupation : diabolisation et surtout criminalisation du moment où il s’agit de la lutte du “mouvement de libération nationale palestinienne” et de ses diverses composantes combattantes. L’ ”apologie du terrorisme” est très vite jetée à la figure de celle ou celui qui s’oppose à la campagne de propagande justifiant et soutenant la criminelle guerre sioniste et dénigrant à longueur de journées les principales forces qui s’y opposent.

Bien entendu, ce n’est qu’en fonction de la mobilisation des forces vives de ce pays que les “fondés de pouvoir du Capital” ont été obligés de céder et de lever l’interdiction de manifester, avec ou sans kéfieh… C’est en fonction de la forte mobilisation solidaire avec les masses populaires palestiniennes, objet d’un génocide au vu et au su de tout le monde, que les médias au service du Capital, ont dû laisser filtrer quelques informations sur l’ampleur des atrocités indescriptibles à Gaza…

Autrement dit, en dépit de tout ce processus de fascisation en cours dans ce pays, le simple fait d’assumer la mobilisation solidaire sur le terrain international, participe en quelque sorte au renforcement de la “convergence des luttes” et par conséquent à un certain changement des rapports de forces.

Cher·es Ami·es, cher·es Camarades,

Aujourd’hui, à travers les initiatives que vous développez sur les terrains de la lutte en cours, votre mobilisation solidaire dans la diversité de votre engagement, apporte beaucoup de force à tous ceux et celles qui, depuis tant d’années, s’expriment de derrière les abominables murs. Il faut dire que ces jours-ci, la situation de celles et ceux qui sont embastillé·es dans les geôles sionistes officielles et plus particulièrement celles et ceux qui sont parqué·es dans un récent camp secret dans le Néguev, mérite une attention prioritaire. Leur simple intégrité physique est à la merci de la barbarie de la soldatesque sioniste qui fait office de gardiens de prison…

La solidarité internationale, votre solidarité Ami·es et Camarades, s’avère plus que jamais une arme indispensable !

Cher·es Ami·es, cher·es Camarades,

Depuis plus de 185 jours, le peuple palestinien fait l’objet d’un génocide à Gaza et d’une criminelle stratégie de destruction systématique en Cisjordanie. Plus de 33000 morts à Gaza dont plus de 14000 enfants et plus de 75000 blessés, sans parler de tous ceux et celles qui sont enseveli·es sous les décombres des habitations détruites… Et la Résistance de ce peuple héroïque demeure inébranlable !

Honte à toutes les puissances impérialistes qui continuent à livrer des armes à cet État et à son gouvernement accusés de tentative de génocide par la Cour Internationale de Justice !

La solidarité, toute la solidarité avec les résistants dans les geôles sionistes et dans les cellules d’isolement au Maroc, en Turquie, en Grèce, aux Philippines et ailleurs de par le monde !
La solidarité toute la solidarité avec les prolétaires mobilisés dans ce pays !
Honneur aux martyrs et aux masses populaires en lutte !
A bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et autres réactionnaires arabes !
Le capitalisme n’est plus que barbarie, honneur à tous ceux et celles qui s’y opposent dans la diversité de leurs expressions !

Ensemble Camarades et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons !
A vous tous Camarades et Ami·es mes plus chaleureuses salutations communistes.

Votre Camarade Georges Abdallah

Parmi les innombrables témoignages d'attention, de solidarité, cette

Déclaration d'Annie Ernaux, avril 2024

« Monsieur le Président, ne permettez-pas que la France soit le premier pays européen qui aura condamné à une mort lente, un combattant et un intellectuel dont, comme cela se produit sans arrêt dans l’Histoire, la lutte pour l’existence de la Palestine sera
reconnue et saluée comme légitime. »

Il y a dix ans, j’ai découvert à la fois la détention de Georges-Ibrahim Abdallah depuis trente ans et le refus par l’Etat français de sa libération.
Une libération à laquelle pourtant il avait droit depuis 1999. Son nom était lié pour moi aux Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises qui ont combattu l’occupation du Liban par Israël, mais aussi, de façon très confuse, je dois l’avouer aux attentats de 1986 en France. Ce que j’ai appris alors, en consultant Internet, notamment les sites du Monde diplomatique et de L’Humanité, était accablant. Non pas pour Georges-Ibrahim Abdallah, bien au contraire. En effet, celui-ci n’avait aucune responsabilité dans les attentats de 1986, ce qu’avaient reconnu à demi-mot Charles Pasqua et Robert Pandraud, peu suspects de tendresse à l’égard d’un militant révolutionnaire.

Non, c’était accablant pour l’Etat français dont le gouvernement avait cédé au diktat des Etats-Unis et d’Israël en refusant de signer l’arrêté d’expulsion nécessaire à l’application de la décision de justice, qui libérait Georges-Ibrahim Abdallah. Depuis dix ans, le même refus a été opposé aux neuf demandes de Georges Ibrahim. A l’écrou depuis quarante ans, il détient aujourd’hui le triste record d’être le plus vieux
prisonnier politique d’Europe. Il a passé plus de temps en prison que Mandela. C’est une honte française dans cette Europe dont la Convention des Droits de l’homme stipule qu’il est interdit de maintenir  quiconque en prison « sans espoir de sortie ».

J’ai rejoint celles et ceux qui réclament depuis toutes ces années la libération de Georges-Ibrahim Abdallah. Qui veulent mettre fin à un déni de justice et d’humanité. Mettre fin à un déshonneur. Celui d’une France oublieuse, ici, des droits de l’homme. C’est un combat dont je suis fière.
Monsieur le Président de la République, honorez-vous et honorez la France en signant, quelques soient les pressions étrangères, cet arrêté qui permettra à Georges-Ibrahim Abdallah de rejoindre le Liban, prêt à l’accueillir, et d’y retrouver sa famille, à 73 ans.

Ne permettez-pas que la France soit le premier pays européen qui aura condamné à une mort lente, un combattant et un intellectuel dont, comme cela se produit sans arrêt dans l’Histoire, la lutte pour l’existence de la Palestine sera reconnue et saluée comme légitime.

Annie Ernaux 6 avril 2024