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Billet de blog 16 mars 2021

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Rosa Luxemburg et la Commune. "un éclat de pourpre"

"La lutte de classes, génératrice de ces crises qui déchirent la société bourgeoise et qui, fatalement, causera sa perte, fait comme une trainée rouge à travers toute l’histoire d’un siècle ... Elle s’inscrivait en lettres noires sur la bannière des Canuts de Lyon ... Elle jetait son éclat de pourpre dans la capitale de la France, sur le mouvement de 1871..." Rosa Luxemburg

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Illustration 1
Le drapeau des Canuts

1909. La révolution en Russie de 1905 est vaincue. Les menaces de guerre seraient éloignées. Le monde bourgeois est rassuré. Mais la crise économique, le chômage massif menace. Et avec elle, inexorable, le combat de classe s'annonce. La Commune est l'une des traces sanglantes des révolutions jugulées à travers le siècle révolutionnaires qui vient de s'écouler. "La grande tourmente de la révolution française, "les lettres noires sur la bannière des Canuts", "le feu incandescent des torches allumées par les Chartistes", "la colonnes de flammes du terrible massacre de 1848" ... "l'éclat de pourpre" de 1871, autant pour Rosa Luxemburg de jalons dans l'histoire de la libération. Son espoir que se réaliseront "les "aspirations des prolétaires de deux mondes, l'idéal du socialisme, le rêve insensé d'une nouvelle société faite d'hommes libres et égaux". Un espoir insensé qui se réalisera - c'est sa conviction - quand "le prolétariat de tous les pays se soulèvera dans une lutte commune pour mettre à bas le joug exécrable du capitalisme". Ce texte sur le 1er mai fait partie des nombreux articles, interventions, discours qu'elle a rédigés ou prononcés pour défendre pied à pied une fête que le réformisme politique et le syndicalisme  en ce début de siècle cherche à faire disparaître! D.V.P.  http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/01/30/rosa-luxemburg-et-la-commune-7-extrait-de-larticle-le-1er-mai-et-la-lutte-des-classes-la-lutte-de-classes-generatrice-de-ces-crises-qui-dechire-la-societe-bourgeoise-et-qui-fatalement-cau/

Le 1er mai et la lutte de classes, Rosa Luxemburg, 1909

"Le vingtième 1er Mai nous arrive au milieu d'une paix apparente. Le monde bourgeois croit de nouveau les bases de sa domination complètement assurées. Est-ce qu'il n'a pas chassé tout récemment la nuée chargée des tempêtes de la guerre, par ses miracles diplomatiques? Est-ce que la grandiose révolution russe ne gît pas à terre, ensanglantée, écrasée sous la botte de la réaction.

Guerre révolution, ces ombres sinistres de la fatalité élémentaire sont momentanément conjurées. La société bourgeoise se sent de nouveau maîtresse de sa destinée et des millions d'échines courbées sont encore sous son joug. Les aspirations des prolétaires de deux mondes, l'idéal du socialisme, le rêve insensé d'une nouvelle société faite d'hommes libres et égaux, comme tout cela semble lointain aux honnêtes bourgeois qui croient tenir les rênes du monde!

Cependant, il y a une ombre au tableau. C'est l'ombre épaisse d'une crise économique ... Elle suit, comme son ombre, toute révolution, toute guerre moderne, étendant aussi son voile noir sur la tête du 1er mai de cette année. C'est la garantie certaine que la victoire remportée par la société bourgeoise sur la guerre et la révolution n'est qu'une apparence mensongère, que la sécurité et la quiétude par elle simulée ne sont qu'un trompe-l'oeil

Dans la nuit des misères que font naître les crises du capitalisme, des fantômes s’élèvent, annonçant l’inexorable destin, qui déjà se pouvait prévoir à l’aurore même de l’ère capitaliste.

La lutte de classes, génératrice de ces crises qui déchirent la société bourgeoise et qui, fatalement, causera sa perte, fait comme une trainée rouge à travers toute l’histoire d’un siècle. Elle se dessinait confusément dans la grande tourmente de la Révolution française. Elle s’inscrivait en lettres noires sur la bannière des canuts de Lyon, les révoltés de la faim qui, en 1834, jetèrent le cri : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ! » » Elle alimentait le feu rouge des torches allumées par les chartistes anglais de 1830 et de 1840. Elle se levait comme une colonne de flammes du terrible massacre de juin 1848 à Paris. Elle jetait son éclat de pourpre dans la capitale de la France, sur le mouvement de 1871, lorsque la canaille bourgeoise victorieuse se vengeait sur les héros de la Commune par le fer meurtrier des mitrailleuses. …

Le but du 1er mai est une déclaration de guerre retentissante sans merci, lancée à cette société par des millions de bouches et qui se répercute sur toute l’étendu du globe. Dans cette unanimité internationale du mouvement se trouve la  garantie que nos bataillons ne seront plus écrasés dans une lutte héroïque, mais inégale, parce qu’isolés, comme ceux de Juin et de la Commune, comme les glorieux combattants de Saint-Pétersbourg, de Varsovie et de Moscou.

... Le 1er mai est la fête mondiale du travail, la commémoration annuelle des luttes révolutionnaires glorieuses du prolétariat moderne, la continuation de leurs traditions et la proclamation solennelle de cette vérité qu’un jour sonnera l’heure où non plus des détachements isolés du prolétariat de telle ou telle nation mais le prolétariat de tous les pays se soulèvera dans une lutte commune pour mettre à bas le joug exécrable du capitalisme."

Extrait de : "Le 1er mai et la lutte des classes" paru dans le n° 74 de la revue Socialisme le 1er mai 1909, P 1 et 2 - Publié dans Le socialisme en France P 265 – 267, Editions Agone/Smolny

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Le socialisme en France © Agone/Smolny

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