En 1913, Rosa Luxemburg se voit interdire l'accès à la plus grande partie des journaux sociaux-démocrates, de plus en plus contrôlés par les forces réformistes. Elle perd en particulier la tribune qu'a été longtemps pour elle La Leipziger Volkszeitung. Avec les proches de son courant, Franz Mehring, Julian Marchlewski, elle crée alors un bulletin ronéoté "Die Sozialdemokratische Korrespondenz" qui paraît trois fois par semaine, est édité en 150 exemplaires et envoyé comme service de presse aux journaux, qui reprennent certains articles. Parmi les articles les plus importants, un article du 27 avril 1914 sur le 1er mai, où elle établit avec force la toute-puissance de l'impérialisme. Et celui-ci qui est le premier qu'elle fait paraître dans ce cadre.
Fünfundzwanzig Jahre Maifeier, Sozialdemokratische Korrespondenz, 27 avril 1914 : http://comprendreavecrosaluxemburgdocumentsetdossiers.over-blog.com/2018/04/de-la-weltpolitik-politique-mondiale-a-l-imperialisme.les-analyses-de-rosa-luxemburg-de-l-imperialisme.html . : "... Ces mêmes 25 années se trouvent placées sur le plan politique sous le signe d’un nouveau phénomène : l’impérialisme. Alors qu’à la fin des années 80, la petite Europe était encore le théâtre de la diplomatie internationale avec ses passifs du temps de ses aïeux, et ses moyens et artifices à l’ancienne, c’est aujourd’hui dans l’ensemble du monde, ses cinq continents, ses trois océans, que le capital international dépose ses mines qui déciment les peuples, prépare ses zones de turbulence, lâche ses chevaliers de l’apocalypse pour des révolutions et des guerres sanglantes. Depuis se sont succédé à la rapidité de l’éclair, entre ses murs et dans ses bastions, les guerres sino-japonaise, hispano-américaine, sud-africaine, sino-européenne, russo-japonaise, tripolitaine et la guerre des Balkans, les révolutions russe, perse, turque, chinoise, elles, ont transformé le vieil ordre millénaire en ruines fumantes qui annoncent dans le même souffle la domination mondiale du capital et sa fin proche."
Citations :
"Outil" humain
N’est-ce pas au moment même où les prolétaires du Lancashire, fatigués de souffrir inutilement de la faim, s'apprêtaient à émigrer massivement vers l'Australie, que parut le Manifeste des Fabricants dans lequel les représentants de ces richards déclaraient « qu’en aucun cas les entrepreneurs ne pourraient tolérer qu'une partie de leur "outil" - à savoir la main-d'œuvre vivante - quitte le pays ? On en aurait à nouveau besoin ‘dans un, deux ou trois ans’, lorsque les affaires reprendraient. Un, deux, trois ans de famine de masse : tel est sous la domination du capitalisme, le sort périodique de cet "outil vivant’ - un sort qui apparaît au capital comme une loi naturelle à toute épreuve et qui de fait l'est, comme le fait que le capital joue à la balle au prisonnier avec des millions d'existences prolétaires uniquement en fonction de ses profits, les précipitant tantôt dans le purgatoire du surtravail inlassable, tantôt dans l'enfer du chômage total. C'est aux magnats du coton de Lancashire que revient le mérite d'avoir exprimé avec une cynique franchise, il y a un demi-siècle déjà, que rien ne peut s’opposer au chômage en tant que phénomène de masse périodique, tant que la main-d'œuvre humaine, en tant qu' "outil vivant", reste la propriété privée du capital.
Création du système capitaliste "d'aide" aux chômeurs.
Mais ils firent encore plus pour l'éducation permanente de la classe ouvrière. Ils s'opposèrent bec et ongles à toute action gouvernementale d'envergure, ne serait-ce que pour soulager la détresse des centaines de milliers de chômeurs, et insistèrent pour que les chômeurs, au lieu d'être soutenus par des mesures généreuses, soient tout au plus traités de manière par l’octroi d’aumônes accompagné de pression. C'est ainsi qu'a été créé, il y a 50 ans, le programme, qui, depuis lors sert aux Etats capitalistes à traiter pratiquement le problème du chômage .
Courage et estime de soi
On ne peut rassasier un affamé avec des idéaux révolutionnaires, mais on peut lui donner foi en l'avenir et ainsi le courage et l’estime de soi, on peut éveiller dans son esprit des énergies qui lui donneront une supériorité intérieure et le rendront insensible aux souffrances physiques les plus fortes.
Les jaunes
La contradiction entre le capital et le travail est ainsi portée à son paroxysme, le joug du capital devient insupportable. Le découragement, le désespoir, enfin le renoncement à l'estime de soi et à la dignité, qui s'expriment précisément dans la montée du mouvement des jaunes, s'emparent aujourd'hui d'autres cercles de la classe ouvrière.
Chômeur, Rosa Luxemburg, 27 décembre 1913, Sozialistische Korrespondenz
L'année qui s'achève, et qui a marqué pour la classe ouvrière allemande le début d'une terrible période de chômage, constitue également une date anniversaire dans l'histoire des souffrances et des luttes du prolétariat européen. Il y a exactement un demi-siècle, en 1863, la célèbre crise, appelée "famine du coton", atteignait en Angleterre son paroxysme. 250 000 hommes et femmes sans aucun emploi, plus de 150 000 personnes employées seulement quelques jours par semaine pour des salaires de misère, un demi-million de personnes dépendantes de l'aide publique - dans la lumière crue de cette misère de masse, on allait voir pour la première fois et de manière classique ce que ce que la société existante était prête à faire de mieux, pour les victimes de son système mourant de faim et quel était son point de vue fondamental face à toute cette misère. N’est-ce pas au moment même où les prolétaires du Lancashire, fatigués de souffrir inutilement de la faim, s'apprêtaient à émigrer massivement vers l'Australie, que parut le Manifeste des Fabricants dans lequel les représentants de ces richards déclaraient « qu’en aucun cas les entrepreneurs ne pourraient tolérer qu'une partie de leur "outil" - à savoir la main-d'œuvre vivante - quitte le pays ? On en aurait à nouveau besoin ‘dans un, deux ou trois ans’, lorsque les affaires reprendraient. Un, deux, trois ans de famine de masse : tel est sous la domination du capitalisme, le sort périodique de cet "outil vivant’ - un sort qui apparaît au capital comme une loi naturelle à toute épreuve et qui de fait l'est, comme le fait que le capital joue à la balle au prisonnier avec des millions d'existences prolétaires uniquement en fonction de ses profits, les précipitant tantôt dans le purgatoire du surtravail inlassable, tantôt dans l'enfer du chômage total. C'est aux magnats du coton de Lancashire que revient le mérite d'avoir exprimé avec une cynique franchise, il y a un demi-siècle déjà, que rien ne peut s’opposer au chômage en tant que phénomène de masse périodique, tant que la main-d'œuvre humaine, en tant qu' "outil vivant", reste la propriété privée du capital.
Mais ils firent encore plus pour l'éducation permanente de la classe ouvrière. Ils s'opposèrent bec et ongles à toute action gouvernementale d'envergure, ne serait-ce que pour soulager la détresse des centaines de milliers de chômeurs, et insistèrent pour que les chômeurs, au lieu d'être soutenus par des mesures généreuses, soient tout au plus brutalisés par l’octroi d’aumônes accompagnées de pression. C'est ainsi qu'a été créé, il y a 50 ans, le programme, qui, depuis lors sert aux Etats capitalistes à traiter pratiquement le problème du chômage .
Aujourd'hui, nous nous trouvons une fois de plus au début de ces crises périodiques qui frappent la société avec la ponctualité d'une horloge. Il y a quinze ans seulement, on nous annonçait que le cycle de crise de dix ans de Marx était un point de vue révolu de l’âge ingrat du capitalisme, que les catastrophes économiques s'atténuaient de plus en plus et qu'elles appartiendraient bientôt au domaine des contes à dormir debout. A cette prophétie, quelles réponses coup sur coup ! En 1900-1902, premier baptême de la crise du nouveau siècle ; 1907-1909, après à peine cinq ans, la deuxième crise mondiale, et maintenant, après à peine quatre ans, nous sommes au milieu de la première vague d'une troisième crise.
Mais la réalité a dépassé le noir tableau dressé par Marx sur d’autres points encore. Au siècle dernier, la crise alternait avec la prospérité, pas seulement pour les capitalistes, mais aussi pour les travailleurs. Des salaires élevés pendant la période de prospérité, des prix alimentaires bas pendant la crise, tels étaient les deux moments atténuant le changement brutal vécue par la masse des prolétaires. Dans son œuvre principale, Marx désigne encore les salaires globalement élevés comme les habituels "oiseaux de ce mauvais augure annonciateurs de la crise". Depuis le début du nouveau siècle, les "oiseaux de mauvaise augure" ne sont pas au rendez-vous et les malheurs de la crise s'abattent sur les masses sans qu'elles aient été en mesure, pendant la période de prospérité, de se hisser ne serait-ce qu'à l'échelon d'une prospérité minimale. Inversement, l’inflation persistante, qui affecte l'essor des conditions matérielles des travailleurs pendant la période de haute conjoncture, devient un fléau tout particulier qui accroît l'état d'urgence du chômage et conduit à l'amère misère des masses. Aujourd'hui, les capitalistes engrangent des flots d'or de plus en plus énormes à chaque période d'essor de l'industrie, tandis que les ouvriers ne font qu'osciller entre la faim chronique en cas de suractivité et la faim aiguë en cas de chômage. La contradiction entre le capital et le travail est ainsi portée à son paroxysme, le joug du capital devient insupportable. Le découragement, le désespoir, enfin le renoncement à l'estime de soi et à la dignité, qui s'expriment précisément dans la montée du mouvement des jaunes, s'emparent aujourd'hui d'autres cercles de la classe ouvrière.
Contre cette tendance à l'affaissement, nous n'avons qu'un seul moyen efficace : la révolution socialiste des esprits. Certes, on ne peut pas rassasier celui qui meurt de faim avec des idéaux révolutionnaires. Mais nous serions des charlatans, indignes de la confiance des masses, si nous voulions faire miroiter auprès des affamés le moindre espoir, comme si nous avions en poche dans la période actuelle du capitalisme un remède miracle contre la disette de masse, chronique ou aiguë. Nous serions des guérisseurs aussi grossiers que cruels si nous voulions sérieusement persuader les prolétaires souffrant de la faim que tous nos projets et revendications visant à soulager la misère des chômeurs trouveraient finalement comme réponse auprès des classes dirigeantes dans leur frénésie impérialiste autre chose qu'un haussement d'épaules moqueur. Ce serait des plus impardonnables, un demi-siècle après que dans le Lancashire ait été déclaré sans ambages que Dieu et la nature ne réservaient qu'une seule chose aux victimes de la crise capitaliste : attendre "un, deux, trois ans" de famine jusqu’à ce que le capital ait à nouveau besoin de sa "machine humaine".
On ne peut rassasier un affamé avec des idéaux révolutionnaires, mais on peut lui donner foi en l'avenir et ainsi le courage et l’estime de soi, on peut éveiller dans son esprit des énergies qui lui donneront une supériorité intérieure et le rendront insensible aux souffrances physiques les plus fortes. Le prolétaire qui souffre de la faim est capable, selon son état d’esprit, de la plus profonde des chutes ou du plus grand héroïsme révolutionnaire. Lors de la révolution de février 1848, le prolétariat parisien, qui souffrait terriblement du chômage, s'est volontairement imposé trois mois de famine afin d'accorder un délai au gouvernement provisoire pour instaurer la "république sociale". C'est la foi inébranlable en leur idéal socialiste qui a appris aux masses parisiennes à souffrir pendant des mois avec courage, patience et dignité, et finalement à se battre et à mourir sur les barricades pour cet idéal. Lors de la crise du coton en Angleterre, les centaines de milliers de personnes souffrant de la famine dédaignèrent avec fierté d'accomplir les travaux forcés dans les workhouses ; ils exigèrent qu'on leur ouvre des écoles et des bibliothèques pendant la crise, afin qu'ils utilisent leur oisiveté forcée pour s’instruire. Ils posèrent leurs conditions et les imposèrent par la menace et la violence ; pas un seul instant ils n’abandonnèrent leur propre dignité de classe. C'est l'élan spirituel, l'énergie de la lutte qui traversa la classe ouvrière anglaise à la veille de la fondation de l'Internationale, qui l'endurcit pour supporter l'extrême misère avec courage et consolation. Et dans la révolution russe, l'idéalisme de masse a accompli des miracles d'esprit de sacrifice et de courage au combat, seuls en mesure de faire traverser au prolétariat l'océan de souffrances du chômage, de la faim et des persécutions avant, pendant et après la révolution.
En Allemagne aussi, les effets dévastateurs du chômage ne peuvent être combattus en fin de compte que par le développement d'une agitation de masse qui fait appel à ce qu'il y a de meilleur dans le prolétaire moderne : son idéalisme révolutionnaire inépuisable, et qui réveille en lui ce qu'il y a de plus fort : la volonté d'agir et la foi en sa propre puissance. Le découragement des masses et le flot de boue du mouvement des jaunes, ce sacrifice de soi du prolétariat, ne céderont que devant un flot ardent de l’agitation socialiste, capable d’élever au-dessus de lui-même le prolétaire exsangue, en mettant ses tâches révolutionnaires à portée de sa main, en faisant comprendre aux masses qu'elles doivent accepter avec joie et sans inquiétude les plus grands sacrifices personnels de la lutte, afin de hâter, par des actions audacieuses, l'effondrement d'un système qui leur impose périodiquement les plus effroyables privations au nom du profit capitaliste.
Sozialistische Korespondenz, 20 janvier 1914. N° 9
Gesammelte Werke, Tome 3, P 376 à 379
Cette traduction est en cours d'amélioration et de précision. Je joins le texte en allemand. Merci pour toute proposition. Dominique Villaeys-Poirré
Arbeitslos
[Erschienen in der „Sozialdemokratischen Korrespondenz" am 27. Dezember 1913. Nach Gesammelte Werke Band 4, 1928, S. 166-169]
Das zur Rüste gehende Jahr, mit dem für die deutsche Arbeiterklasse eine Periode furchtbarer Arbeitslosigkeit begonnen hat, ist auch in der Leidens- und Kampfgeschichte des europäischen Proletariats ein Jubiläumsjahr. Genau vor einem halben Jahrhundert, im Jahre 1863, erreichte in England jene berühmte Krise, genannt Baumwollhunger, ihren Höhepunkt. Eine Viertelmillion Männer und Frauen völlig arbeitslos, mehr wie anderthalb hunderttausend nur ein paar Tage in der Woche um Bettelpfennige beschäftigt, eine halbe Million Menschen auf öffentliche Unterstützung angewiesen –, im grellen Schein dieses Massenelends sollte sich zum ersten Mal in klassischer Weise zeigen, was die bestehende Gesellschaft für die hungernden Opfer ihres Systems allenfalls zu tun bereit ist und was ihr entscheidender Gesichtspunkt bei all dem Elend ist. War es doch damals, als sich die Lancashirer Proletarier, des müßigen Hungerns satt, zu einer Massenauswanderung nach Australien anschickten, dass jenes Manifest der Fabrikanten erschienen war, worin die Vertreter des Geldsackes erklärten: unter keinen Umständen könnten die Unternehmer dulden, dass ein Teil ihrer „Maschinerie" – nämlich die lebendigen Arbeitskräfte –, das Land verließe. Brauche man sie doch „in ein, zwei, drei Jahren" wieder, wenn der Geschäftsgang von neuem flott würde. „Ein, zwei, drei Jahre des Massenhungers: das ist das periodische Schicksal der „lebendigen Maschinerie" unter der Herrschaft des Kapitalismus –, ein Schicksal, das dem Kapital als ein ebenso unverbrüchliches Naturgesetz erscheint und es auch in der Tat ist, wie dass das Kapital allein nach seinen Profitrücksichten mit Millionen proletarischer Existenzen Fangball spielt, sie bald in das Fegefeuer der rastlosen Überarbeit, bald in die Hölle der völligen Arbeitslosigkeit schleudert. Dass gegen die Arbeitslosigkeit als periodische Massenerscheinung kein Kräutlein hienieden gewachsen ist, solange menschliche Arbeitskräfte, als „lebendige Maschinerie" Privatbesitz des Kapitals bleiben, dies mit zynischer Offenherzigkeit schon vor einem halben Jahrhundert ausgesprochen zu haben, ist das Verdienst der Lancashirer Baumwollmagnaten.
Aber sie taten noch mehr für die dauernde Aufklärung der Arbeiterklasse. Sie sträubten sich mit Händen und Füßen gegen jede staatliche Aktion größeren Stils auch nur zur Linderung der Not der Hunderttausende und bestanden darauf, dass die Arbeitslosen, statt durch großzügige Maßnahmen unterstützt, höchstens durch drückende Almosen misshandelt wurden. Damit war vor 50 Jahren das Programm geschaffen, nach dem seither das Problem der Arbeitslosigkeit von den kapitalistischen Staaten praktisch behandelt wird.
Heute stehen wir wieder einmal am Anfang jener periodischen Krisen, die mit der Pünktlichkeit eines Uhrwerks die Gesellschaft heimsuchen. Erst vor 15 Jahren ward uns verkündet, der Marxsche zehnjährige Krisenzyklus sei ein überwundener Standpunkt aus den Flegeljahren des Kapitalismus, die wirtschaftlichen Katastrophen würden immer milder und gehörten bald ins Reich der Ammenmärchen. Auf diese Prophezeiung, welche Antwort Schlag auf Schlag! Im Jahre 1900–1902 die erste Krisentaufe des neuen Jahrhunderts; 1907–1909, nach knappen fünf Jahren, die zweite Weltkrise, und nun, nach Verlauf von kaum vier Jahren, sind wir mitten in der ersten Sturzwelle einer dritten Krise.
Die Wirklichkeit hat aber alle Schwarzmalerei Marxens auch noch in anderer Beziehung übertroffen. Im vorigen Jahrhundert pflegte Krise mit Prosperität zu wechseln, nicht bloß für die Kapitalisten, sondern auch für die Arbeiter. Hohe Löhne während der guten Geschäftszeit, niedrige Lebensmittelpreise während der Krise waren die beiden Milderungsmomente des schroffen Wechsels für die proletarische Masse. In seinem Hauptwerk bezeichnet Marx noch die allgemein hohen Löhne als die regelmäßigen „Sturmvögel der Krise". Seit Beginn des neuen Jahrhunderts bleiben die „Sturmvögel" aus und das Unheil der Krise bricht über die Massen herein, ohne dass sie während der Prosperitätsperiode in der Lage gewesen wären, sich auch nur auf die Staffel eines minimalen Wohlstandes zu schwingen. Umgekehrt wird die andauernde Teuerung, die den materiellen Aufschwung der Arbeiterschaft während guter Geschäftslage herabdrückt, zur besonderen Geißel, die den Notstand der Arbeitslosigkeit bis zum bitteren Massenelend steigert. Heute fangen die Kapitalisten auf jeder Aufschwungsperiode der Industrie immer enormere Goldströme auf, während die Arbeiter nur zwischen chronischem Hungern bei Überarbeit und akutem Hunger bei Arbeitslosigkeit pendeln. Der Gegensatz zwischen Kapital und Arbeit wird damit aufs Höchste gesteigert, das Joch des Kapitals wird unerträglich. Entmutigung, Verzweiflung, endlich Verzicht auf Selbstachtung und Würde, wie sie in dem Anschwellen der Gelben-Bewegung genau zum Ausdruck kommt, bemächtigen sich heute weiterer Kreise der Arbeiterschaft.
Gegen diese herabdrückende Tendenz haben wir nur ein wirksames Mittel: die sozialistische Revolutionierung der Geister. Mit revolutionären Idealen kann man freilich keinen Hungernden satt machen. Wir wären aber Scharlatane, nicht wert des Vertrauens der Massen, wollten wir die Hungrigen in die leiseste Hoffnung lullen, als hätten wir ein Wundermittel in der Tasche gegen den chronischen wie gegen den akuten Massenhunger in der gegenwärtigen Periode der kapitalistischen Entwicklung. Wir wären ebenso plumpe wie grausame Kurpfuscher, wollten wir den hungernden Proletariern im Ernst einreden, dass alle unsere Projekte und Forderungen zur Linderung der Not der Arbeitslosen bei den herrschenden Klassen in ihrem imperialistischen Taumel schließlich etwas anderes als höhnisches Achselzucken zur Antwort finden werden. Am unverzeihlichsten wäre dies ein halbes Jahrhundert nachdem in Lancashire klipp und klar erklärt worden ist, den Opfern der kapitalistischen Krise sei von Gott und Natur nur eines vorbehalten: „Ein, zwei, drei Jahre" hungernd zu warten, bis das Kapital seiner „lebendigen Maschinerie" wieder bedürfe.
Mit revolutionären Idealen kann man keinen Hungrigen sättigen, aber man kann ihm Glauben an die Zukunft und damit Mut und Selbstachtung geben, man kann in ihm geistige Energien wecken, die ihm innere Überlegenheit geben und ihn gegen die stärksten physischen Leiden unempfindlich machen. Der hungernde Proletarier ist je nachdem des tiefsten geistigen Falles oder auch des höchsten revolutionären Heldentums fähig. In der Februar-Revolution 1848 nahm das Pariser Proletariat, das furchtbar unter der Arbeitslosigkeit litt, freiwillig drei Monate Hunger auf sich, um der provisorischen Regierung zur Einführung der „sozialen Republik" eine Frist zu gewähren. Es war der felsenfeste Glaube an ihr sozialistisches Ideal, das die Pariser Massen lehrte, mit Mut, Geduld und Würde monatelang zu darben und schließlich für dieses Ideal auf den Barrikaden zu kämpfen und zu sterben. In der englischen Baumwollkrise verschmähten die hunderttausende Hungernder mit Stolz, in Arbeitshäusern die Zwangsarbeit zu verrichten; sie forderten, dass man ihnen für die Zeit der Krise Schulen und Bibliotheken öffne, damit sie ihre erzwungene Muße zur Bildung ihres Geistes ausnutzten. Sie stellten ihre Bedingungen und setzten sie durch Drohung und Gewalt durch; nicht für einen Moment gaben sie die eigene Klassenwürde preis. Es war der geistige Aufschwung, die Kampfenergie, die am Vorabend der Gründung der Internationale durch die englische Arbeiterklasse zog, was sie dazu stählte, um die äußerste Not mit Mut und Trost zu ertragen. Und in der russischen Revolution verrichtete der Massenidealismus Wunder der Opferfreudigkeit und des Kampfesmutes, die allein das Proletariat durch den Ozean von Leiden der Arbeitslosigkeit, des Hungers und der Verfolgungen vor, während und nach der Revolution hindurchzuführen imstande waren.
Auch in Deutschland kann jetzt den verheerenden Wirkungen der Arbeitslosigkeit am letzten Ende nur durch die Entfaltung einer Massenagitation begegnet werden, die an das Beste im modernen Proletarier appelliert: an seinen unerschöpflichen revolutionären Idealismus, die in ihm das Stärkste wachrüttelt: den Willen zur Tat und den Glauben an seine eigene Macht. Die Entmutigung der Massen und die Schlammflut der Gelben-Bewegung, diese Selbstpreisgabe des Proletariats, werden nur weichen vor einer feurigen Flut der sozialistischen Agitation, die den darbenden Proletarier über sich selbst zu erheben vermag, indem sie ihm seine revolutionären Aufgaben in greifbare Nähe rückt, indem sie den Massen klar macht, dass sie die größten persönlichen Opfer des Kampfes freudig und unbesorgt in Kauf nehmen müssen, um durch kühne Aktionen den Zusammenbruch eines Systems zu beschleunigen, das ihnen um des kapitalistischen Profits willen periodisch die entsetzlichsten Entbehrungen aufzwingt.
Sturmvögel Karl Marx: Das Kapital, Band II, MEW Bd. 24, S. 409. En français Petrel, Cet oiseau est l'un des plus petits spécimens d'Europe. Il était considéré par les anciens marins comme étant un animal de mauvais augure : il venait selon eux se poser sur les navires pour annoncer une tempête.