
Les recherches sur Liebknecht et Luxemburg sur le net nous conduisent régulièrement à la guerre que mène le pouvoir russe en Ukraine. Et à la référence à leur refus du premier conflit mondial.
Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ont lutté pied à pied contre le militarisme, le colonialisme, la course aux armements et la guerre, contre l’aliénation des sociétés qui bientôt se lancèrent à corps perdus dans une guerre mondiale fratricide, guerre qu’ils ont vu s'approcher et contre laquelle ils ont tenté de mobiliser les prolétaires.
Ils en ont analysé les causes, le capitalisme, le nationalisme, l’impérialisme, dénoncé les Etats impériaux ou dits démocratiques au service de la politique coloniale et impérialiste. Ils ont tenté jour après jour de faire prendre conscience aux masses opprimées, des dangers de l’aliénation à laquelle elles étaient soumises, de l’importance d’une prise de conscience de classe, de la nécessaire utilisation par les masses des moyens dont elles disposent pour s’opposer au pire : la grève de masse, le refus de servir le militarisme.
Tous deux ont connu pour cela la prison comme nombre de ceux du courant dont ils faisaient partie.
C'est pourquoi certaines de leurs phrases marquent aujourd’hui encore les esprits et sont régulièrement citées comme celle de Liebknecht, « L’ennemi principal est toujours dans notre propre pays ». Elles sont reprises par les courants les plus divers parfois à contre-sens. La phrase de Karl Liebknecht est tirée d'un tract spartakiste de 1915 qui s'adresse au prolétariat en Allemagne et au-delà international.
Il apparaît juste cependant que l’on souhaite rechercher auprès d’eux des éléments d’analyse et de « solution », car nous sommes toujours dans un monde impérialiste qui opprime et exploite, aliène et ne connaît comme solution que la guerre et toujours la guerre. Même si les protagonistes et les formes ont aujourd'hui changé.
Pour ce qui précède l’agression du pouvoir russe aujourd’hui, notre responsabilité d’hier est engagée dans chacun de nos pays. Pour nous, dans les pays occidentaux, du fait :
- De l’abandon d’une analyse et d’une pratique de classe, de l’invisibilisation systématique des prolétaires
- De l’inexistence d’un mouvement fort et de classe contre l’OTAN, comme il a pu en exister, même minoritaire, dans les années 70, et contre ses agissements et ceux de l’Union européenne depuis 1989
- De l’absence de prise de conscience et de dénonciation de ce que l’action des Occidentaux pouvait faire naître de nationalisme, allant jusqu’au fascisme, dans les pays « vaincus », comme ce fut le cas il y a plus de 100 ans après Versailles en Allemagne.
Maintenant que la guerre est là, notre impuissance paraît tout aussi grande que celle de Liebknecht ou Luxemburg. Comme l’indiquait Liebknecht dans la déclaration motivant son refus de voter les crédits de guerre en décembre 1914 :
« La libération du peuple russe comme du peuple allemand doit être l'œuvre de ces peuples eux-mêmes. »
« Seule, une paix basée sur la solidarité internationale de la classe ouvrière et sur la liberté de tous les peuples peut être une paix durable.
Quatre ans de guerre et une révolution auront été nécessaires, et des millions de morts. La révolution mit fin à la guerre, mais son assassinat par les forces dites "démocratiques" fit naître et prospérer le nazisme.
Aussi aujourd'hui, nous ne pouvons être partie de cette libération
- qu'en dénonçant le repartage impérialiste du monde qui a de nouveau conduit et qui de nouveau conduira au pire
- qu'en montrant le développement d'un pouvoir russe de plus en plus nationaliste, quelles que soient les raisons de son action
- qu’en soutenant la volonté des forces progressistes qui luttent sur des bases de classe en Russie
- qu'en menant encore et toujours un combat contre toutes les guerres impérialistes, et en luttant pour un monde libéré de l'oppression, de la répression, de l'aliénation créées par le capitalisme.
Rappelons pour cela que, dans certains pays de l'Europe, être marxiste est un crime, qu'en Pologne par exemple, Rosa Luxemburg est mise à l'index et la plaque sur sa maison natale arrachée par le pouvoir.
Il est difficile de parler en temps de guerre alors que les populations souffrent le pire. On peut dire cependant que seule une action de classe, anti-impérialiste pourra permettre dans l'avenir de combattre les guerres.
La déclaration de Karl Liebknecht s’adresse au prolétariat, pour qu'il se lève et résiste, tout comme celle de Rosa Luxemburg qui déclarait dans la brochure de Junius :
« Cette folie cessera le jour où les ouvriers d'Allemagne et de France, d'Angleterre et de Russie se réveilleront enfin de leur ivresse et se tendront une main fraternelle couvrant à la fois le chœur bestial des fauteurs de guerre impérialistes et le rauque hurlement des hyènes capitalistes, en poussant le vieux et puissant cri de guerre du Travail : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Rosa Luxemburg, l'impérialisme
"La tendance du capitalisme aux expansions soudaines constitue l'élément le plus important, le trait le plus remarquable de l'évolution moderne ; en fait l'expansion accompagne toute la carrière historique du capital, elle a pris dans sa phase finale actuelle, l'impérialisme, une énergie si impétueuse qu'elle met en question toute l'existence civilisée de l'humanité."
Rosa Luxemburg sur la Triplice
"Attendre de la Triplice, donc d’une politique d’alliance capitaliste conçue pour préparer la guerre, qu’elle agisse en faveur de la paix, c’est comme vouloir cueillir des figues sur un buisson de chardons. "