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Billet de blog 23 août 2025

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Wilhelm Liebknecht, extrait de "L'araignée et la mouche".

" ...Les araignées ce sont les maîtres, les financiers, les exploiteurs, les nobles, les riches, les prêtres, les souteneurs et les parasites de toutes sortes, les despotes qui vous font souffrir, ceux qui font adopter des lois injustes qui nous écrasent, les tyrans qui vous asservissent. Les araignées ce sont tous ceux qui vivent à vos dépens, vous le peuple ..."

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Illustration 1

Pour le 125e anniversaire de la disparition de Wilhelm Liebknecht (2). Extrait de ce très beau texte qui se termine par cette formule "Alors apprenez à vouloir!"

https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2025/08/l-araignee-et-la-mouche-wilhelm-liebknecht.pour-le-125e-anniversaire-de-sa-disparition-2.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

" ... Les araignées ce sont les maîtres, les financiers, les exploiteurs, les nobles, les riches, les prêtres, les souteneurs et les parasites de toutes sortes, les despotes qui vous font souffrir, ceux qui font adopter des lois injustes qui nous écrasent, les tyrans qui vous asservissent. Les araignées ce sont tous ceux qui vivent à vos dépens, vous le peuple, qui vous piétinent, qui se moquent de vos souffrances et de vos vains efforts.

Les mouches ce sont les malheureux travailleurs qui doivent obéir aux lois élaborées par le capitaliste, - les pauvres hommes n'ont même pas une miette de pain et doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de sa famille. L'Araignée est le grand propriétaire d'usine qui gagne 6 à 8 marks par jour sur chacun de ses ouvriers, mais ose malgré tout avoir l’impudeur de leur rendre la "faveur" de bien vouloir leur donner un salaire de famine de 2 à 3 marks pour douze ou quatorze heures de travail.

La mouche c’est le mineur qui sacrifie sa vie dans l'air vicié de la fosse pour extraire des entrailles de la terre des trésors dont il ne doit pas profier. L'Araignée c’est M. l’Actionnaire dont la valeur des actions double ou triple, mais qui n'est jamais content, qui veut des dividendes toujours plus élevés, qui prive les travailleurs du fruit de leur travail et qui, s'ils osaient exiger la moindre hausse de salaire , appellerait l'armée à donner aux "mutins" une démonstration de tir.

La mouche c’est l’enfant qui, dès son plus jeune âge, est asservi à l’usine, à l’atelier et à la maison pour joindre les deux bouts. L'Araignée ce n'est pas les pauvres parents obligés de leurs enfants, ce sont les viles conditions d’aujourd’hui qui font d’une destruction de sa propre famille, une loi d’airain et de ces perversions des sentiments naturels.

La mouche c’est la fille du peuple respectable, qui cherche à gagner sa vie honnêtement, mais ne peut pas trouver de travail si elle ne se soumet pas aux désirs lubriques du contremaître ou du directeur qui la maltraite et plus tard - souvent avec en plus un enfant - la jette sans hésitation et sans pitié pour éviter le «scandale». L'Araignée c’est le jeune dandy, le traineur de mocassins de «bonne» famille, qui s’amuse à séduire des jeunes filles innocentes, les traîne dans le caniveau, et qui considère comme un honneur d’avoir déshonoré autant de jeunes femmes que possible.

La mouche, c'est toi, laboureur assidu, toi qui laboures le sol pour le riche propriétaire, qui sèmes le grain que tu ne récoltes pas, qui fais pousser la nourriture que tu ne goûtes pas. L'Araignée est le noble propriétaire foncier qui fait travailler ses pauvres locataires, serfs et journaliers sans répit, afin qu'il puisse lui-même mener une vie de paresse, d'aisance et de splendeur, lui le baron foncier qui augmente les loyers chaque année et fait baisser le prix du travail honnête.

La mouche, c’est nous tous, gens pauvres et simples, qui tremblons depuis des siècles sur les marches de l’autel, qui avons cédé devant les justifications religieuses du malheur, qui nous sommes combattus et asservis les uns aux autres pour la plus grande gloire et le plus grand divertissement de l’Église, peuple qui avons ployé dos et genoux, qui avons laissé nos oppresseurs jouir des fruits de leur injustice, parce que nous étions spirituellement paralysés par l’influence débilitante de leur enseignement religieux. L'Araignée c’est un prêtre à la robe noire au regard hypocrite et lubrique, qui brouille les esprits simples de ses ouailles avec son enseignement dégradant et cultive un esprit de soumission et de servitude, empoisonnant les âmes et ruinant des nations entières, comme dans le cas de la Pologne.

En un mot, la mouche c’est l'opprimé, l'esclave, l'exploité, tandis que l'araignée est le vil spéculateur ou le despote sans loi, quel que soit son nom.

Auparavant, l’araignée tissait sa toile dans les grands châteaux et manoirs, elle préfère aujourd’hui l’établir dans les grands centres industriels, dans les quartiers riches des nantis de notre époque. Vous la trouverez principalement dans les villes industrielles, mais elle niche également à la campagne et dans les petites villes. Où qu’elle soit l’exploitation est florissante, partout l’ouvrier, le prolétaire sans biens, le petit artisan, le journalier et les petits paysans criblés de dettes sont sans pitié exposés à la cupidité débridée des spéculateurs.

Où que ce soit, en ville ou à la campagne, vous verrez de pauvres insectes se débattre en vain dans la toile de leur ennemie, vous les verrez se fatiguer, s'étioler et mourir.

Quelles terribles tragédies se sont jouées au cours des siècles dans cette bataille entre la faible et timide mouche et la cruelle et sanguinaire Araignée ! C'est l’histoire d’un malheur monstrueux. Alors pourquoi en parler encore ? Ce qui est passé est passé, mais parlons du présent et du futur !

Regardons de plus près la lutte actuelle entre l'Araignée et la Mouche, prenons conscience de la situation telle qu'elle est, et permettons aux mouches de réaliser exactement devant quels pièges leurs ennemis les placent à nouveau, voyons à travers leurs ruses et, par-dessus tout, soyons unis, nous qui, seuls, sommes trop faibles pour briser les toiles où nous sommes enchevêtrés. Brisons les chaînes qui nous entravent, chassons nos ennemis de leurs cachettes, faisons briller partout la lumière de la raison, pour que plus jamais la créature infâme ne puisse faire son travail meurtrier dans le noir !

Oh Mouches, si vous le vouliez, si vous le vouliez vraiment, vous pourriez être invincibles ! Certes, les araignées sont encore fortes aujourd'hui, mais elles sont peu nombreuses. Même si, mouches vous êtes assez insignifiantes et sans influence, votre nombre est légion, vous êtes la vie même, vous seriez le monde - si vous le vouliez vraiment. Si seulement vous vous unissiez, vous couperiez d'un seul coup d'ailes tous les fils assemblés, balayeriez toutes les toiles d'araignées qui vous prennent au piège aujourd'hui, qui vous font trembler et mourir de faim. Vous pourriez bannir la pauvreté et l'esclavage, si vous le vouliez vraiment.

Alors apprenez à vouloir !*"

1889
    

https://www.marxists.org/francais/liebknecht-w/1889/00/araignee.htm

Traduit de l’anglais par la MIA. Source : Progress Publishers, 1972.
(Traduit de l'allemand par Dom Danemanis)
Cette brochure de Liebknecht a été écrite pour les travailleurs allemands mais est basée sur une histoire pour enfants bien connue.

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