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Billet de blog 26 avril 2021

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Polska - Sur les traces de Rosa Luxemburg.

Violette, gamine de 13 ans, suit les traces de Rosa Luxemburg jusqu'à la prison de Breslau. C'est, sur ce blog, le deuxième extrait du film de Valérie Gaudissart, aussi unique que les lettres qui l'inspirent. "Me voici couchée dans une cellule obscure, sur un matelas dur comme la pierre ..." Rosa Luxemburg, mi-décembre 1917, prison de Breslau)

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Sur les traces de Rosa Luxemburg ... Polska © Villaeys-Poirré

Un deuxième extrait du film de Valérie Gaudissart. Violette est parvenue au bout de son voyage aller, elle est à la frontière entre l'Allemagne et la Pologne d'aujourd'hui. Breslau a changé de nom.

Les acteurs polonais sont merveilleux. L'émotion est intense. Et encore plus intense quand Violette lit l'une des lettres les plus connues, à juste titre, de Rosa Luxemburg. Ecrite au fin de sa cellule de Breslau, au fin fond de la Silésie, loin de Berlin, de ses amis et camarades, alors que se déroule autour d'elle la boucherie de 14/18 et qu'elle a au coeur l'effroyable tristesse du ralliement des partis à la guerre..

Je ne sais s'il existe en dehors de ce film une œuvre encore plus en symbiose avec ce qu'était et représente Rosa Luxemburg pour nombre d'entre nous.

.Villaeys-Poirré comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/    https://vimeo.com/533646091

"Le film s'intitule "Ich bin eine Terroristin", en référence aux accusations portées contre elle. Il existe à Berlin un portrat géant sur un mur, avec cette citation, barrée)


Lettre à Sonia Liebknecht (extrait) - Mi-décembre 1917. Traduction  Michel Aubreuil, éditions Balibaste 1969

C’est mon troisième Noël sous les verrous, mais ne prenez pas cela au tragique. Je suis calme comme toujours. Me voici couchée dans une cellule obscure, sur un matelas dur comme la pierre, autour de moi la prison est plongée dans un silence de mort, on se croirait au fond d’un sépulcre, le reflet de la lanterne qui brûle toute la nuit devant la prison entre par la fenêtre et danse au plafond. De temps à autre, on entend au loin, le roulement étouffé d’un train ou bien, tout près, sous la fenêtre la toux et le pas lent de la sentinelle qui se dégourdit les jambes en trainant ses lourdes bottes. Le bruit du sable qui crisse désespérément sous ses pas semble évoquer, dans la nuit noire et humide, toute la désolation d’une vie sans issue. Je suis étendue là, seule, livrée à l’obscurité, à l’ennui, à l’hiver, et, malgré tout, une joie étrange, inconcevable fait battre mon cœur, comme si je marchais dans une prairie en fleurs sous un soleil éclatant. Au milieu de la nuit, je souris à la vie comme si je connaissais la formule magique qui change le mal et la tristesse en clarté et en bonheur. Alors, je cherche une raison à cette joie, je n’en trouve pas et ne puis m’empêcher de sourire de moi-même. Je crois que la vie elle-même est l’unique secret.

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