En complément du brillant article d'Antoine Perraud ,intitulé "Marivaux,l'émeutier bien tempéré",ce modeste billet vient seulement apporter cette précision : on a mis du temps à le comprendre celui dont on disait à son époque qu'il était "un néant plus moins spirituel",ruiné par le système de Law,vivotant de sa plume,ayant connu plus d'échecs que de triomphes...
Aujourd'hui encore son succès semble tenir à des raisons assez inconsistantes,soit qu'on lui prête avec outrance une cruauté ou un pouvoir corrupteur fort étonnants chez un homme dont Voltaire se plaisait à reconnaître aux bons jours "le caractère de philosophie,d'indépendance et d'humanité",soit,au contraire,qu'on étouffe sous l'esthétisme la vigueur de son naturel ( cf le "marivaudage",énoncé parfois avec un sens péjoratif).
Il mérite mieux que les variations de la mode et l'engouement des beaux esprits : honneur d'un langage et d'une civilisation. La politesse dont il témoigne sera bien compromise du jour où l'on ne cherchera plus en son oeuvre que le piment d'un spectacle et la saveur d'un divertissement. Sa contemporaneité est évidente à une époque de manipulation des consciences et des coeurs : en 2004, ce n'est pas par hasard que le plus bel hommage qui lui ait été rendu, l'a été par un français d'origine tunisienne,Abdellatif Kechiche avec son film "L'esquive",couronné par le César du meilleur film.
NB/ La captation des "Fausses confidences" pour France 2 le 30 mars (mise en scène de Didier Bezace) a fait un assez bon score : environ 2 350 000 téléspectateurs,soit un peu moins de 10% d'audience