"Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil / La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite / Le vent a dispersé les cendres de Bendit / Et chacun est rentré chez son automobile / J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume / Mon pas d'oiseau-forçat , enchaîné à sa plume / Et piochant l'évasion d'un rossignol titan / Capable d'assurer le Sacre du Printemps
Mai, mai, mai, Paris mai / Mai, mai, mai Paris
Ces temps-ci, je l'avoue, j'ai la gorge un peu âcre / Le Sacre du Printemps sonne comme un massacre / Mais chaque jour qui vient embellira mon cri / Il se peut que je couve un Igor Stravinsky
Mai, mai, mai, Paris mai / Mai, mai, mai Paris
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Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux / Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise / Camarade, ma peau est-elle encore de mise ? / Et dedans mon coeur seul ne fait-il pas vieux jeu / Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble / Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble ? / Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa / Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas / Si je dois endosser cette guérite étroite / Avec sa manche gauche, avec sa manche droite / Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis / Sa passion du futur, sa chronique amnésie
Mai, mai, mai, Paris mai / Mai, mai, mai Paris / Mai / Paris "
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J'ai cité ce texte magnifique en exergue de l'ouvrage que je viens de terminer. Il est intitulé "Le zéphyr au gai menton", considérations à propos du grand souffle libertaire de Mai 68.