Désolé de devoir, une fois encore, jeter un pavé dans la mare de la bien-pensance audiovisuelle ! Mais hier soir, l'émission "Secrets d'histoire" consacrée au roi Louis XIV, a dépassé les bornes de ce que le consensus citoyen peut accepter au sujet du passé de notre pays.
Si un programme de cette nature avait été proposé par une chaîne de télévision commerciale, avide d'audience, je me serais contenté de hausser les épaules; mais il s'agit là du programme de soirée, de la chaîne généraliste du service public, financée par la redevance, donc assujettie au respect d'un cahier des charges.
Or nous sommes, jusqu'à preuve du contraire, en république. Et nous en avons accepté les règles démocratiques.
Dans mon billet consacré au "Tricentenaire emblématique" de la mort du Roi-Soleil, je faisais allusion à la genèse du film de Robert Rossellini "La prise du pouvoir par Louis XIV", produit par l'ORTF, pour répondre à un souhait du général de Gaulle. Mais à l'époque, sous le pouvoir absolu du fondateur de la Ve République, il eût été impensable de produire un tel panégyrique de "Louis-Dieudonné", un hymne aussi bien orchestré aux bienfaits de la monarchie absolue. Et à sa grandeur.
Un gloria de l'autocratie, malgré de timides bémols proférés d'une voix sourde par Robert Badinter...et les bouts de phrases arrachés à quelques "spécialistes", sans doute recrutés pour apporter une caution de sérieux à ce bouquet monarchiste.
Que Jean-Louis Remilleux et Stéphane Bern continuent à moudre une vision étriquée de l'histoire, proche de celle de "Points de Vues/ Images du Monde" ou de "Paris-Match", cela les regarde.
Mais que les pouvoirs publics leur donnent le droit (et le monopole) d'être les nouveaux prof d'histoire des Français, c'est fâcheux. Et intolérable.
Comme si la République avait honte d'elle même et soupirait de nostalgie en évoquant la monarchie !
A moins que ?...
NB/ 3 781 000 téléspectateurs ont été intoxiqués par ce "cours d'histoire", soit 16,3% de l'audience nationale