Toute la presse salue la décision "courageuse" du chef de l'Etat alors qu'elle n'est que le résultat d'un constat d'échec, le pragmatisme d'un homme honnête qui reconnaît s'être trompé et fourvoyé à un point tel qu'il s'est enfermé lui-même dans un cul de sac.
En 2012, il avait tout en mains pour réussir en redressant un pays dévasté par l'ouragan bling bling de Nicolas Sarkozy ; non seulement il avait une majorité à l'Assemblée mais aussi au Sénat et le leadership de toutes les régions sauf l'Alsace : il lui suffisait de faire procéder à un audit sérieux de la situation de la France pour prendre l'opinion à témoin des décisions difficiles qu'il devait prendre;
Sans tomber dans le discours churchillien, il aurait pu exhorter le peuple à quelques sacrifices tout en dessinant les grands traits de la reprise d'un "rêve français", d'un grand dessein national qui, inévitablement, allait se heurter au libéralisme européen mortifère et à ce pangermanisme économique rampant faisant la loi à Bruxelles où il fallait renverser la table !
Au lieu de tout cela, il s'est embarqué dans la spéculation technocratique et saint-simonienne de la politique dite de l'offre, en tablant sur la bonne volonté d'un patronat aussi âpre que perfide...
Et il est arrivé ce qui devait se produire lorsque l'on trahit ses propres engagements : il a suscité une fronde, puis une opposition déterminée...dans son propre camp.
Je fais moi-même partie de ceux qui, ayant voté Mélenchon au premier tour, ont voté Hollande au deuxième, non seulement pour éliminer le voyou mais aussi parce que je croyais sincèrement que le nouveau maître de l'Elysée pratiquerait une social-démocratie respectueuse du droit des travailleurs et soucieuse de combattre la pauvreté.
"Hélas ! Hélas ! Hélas !" comme le disait jadis un grand homme d'Etat qui nous a légué des habits trop grands pour ses successeurs...
Aujourd'hui, pour sortir de l'impasse, pour éviter d'être noyés dans "les eaux glacées de l'ordre bourgeois", il est absolument nécessaire que toutes les sensibilités de gauche s'accordent sur une plate-forme du refus de la casse du modèle social et des services publics, du rejet de l'intolérance et du racisme...afin de construire une démocratie apaisée et fraternelle.
J'en appelle à la responsabilité civique de Mélenchon, qui devrait immédiatement rencontrer Montebourg et Taubira.
Place au peuple ! Place à l'union des gauches !