"La force des choses, c'est à dire l'ensemble des conditions économiques, fera certainement naître pour une cause ou pour une autre, à propos de quelque fait imprévu, une de ces crises soudaines qui passionnent même les indifférents, et nous verrons tout à coup jaillir cette immense énergie qui s'est emmagasinée dans le coeur des hommes par le sentiment violé de la justice, par les souffrances inexpiées, par les haines inassouvies.
Chaque jour peut amener une catastrophe et la situation est tellement tendue que l'on peut s'attendre à un éclat : le renvoi d'un ouvrier, une grève paralysant la vie quotidienne, une échauffourée fortuite, etc...peuvent être la cause de la révolution, de même qu'une simple étincelle peut allumer une poudrière. C'est que le sentiment de solidarité gagne de plus en plus et que toute secousse locale tend à ébranler l'humanité...
Ainsi les grands jours s'annoncent. L'évolution s'est faite, la révolution ne saurait tarder. D'ailleurs ne s'accomplit-elle pas constamment sous nos yeux par multiples secousses ?
Plus les travailleurs, qui sont le nombre, auront conscience de leur force, et plus les révolutions seront faciles et pacifiques.
Finalement, toute opposition devra céder et même céder sans lutte. Le jour viendra où l'Evolution et la Révolution se succédant immédiatement, du désir au fait, de l'idée à la réalisation, se confondront en un seul et même phénomène. C'est ainsi que fonctionne la vie dans un organisme sain, celui d'un homme ou celui du monde."
Même s'ils apparaissent un peu décalés par le temps, je considère que ces propos du géographe et penseur libertaire devraient nous rassurer et nous encourager à ne pas baisser les bras devant le mur infranchissable du pouvoir bourgeois...
La force de la vie finit toujours par s'imposer.