Ce film muet interminable, en quatre épisodes reliés par l'image d'une femme (Lilian Gish) berçant un enfant, c'est "Intolérance" réalisé en 1916 avec un budget de deux millions de dollars, par D.W.Griffith. Ce monument de l'art cinématographique est le premier film que j'aie vu à la Cinémathèque qui se trouvait à l'époque avenue de Messine. La petite salle était bourrée à craquer et Henri Langlois, qui venait le présenter, se frayait difficilement un passage pour aller se poster devant l'écran.
Ce classique du septième art, tourné dans d'immenses décors avec des milliers de figurants était l'antithèse de "Naissance d'une nation", du même réalisateur (1915), qui avait tenté de justifier le Sud raciste et le ku klux klan*, car il était un appel à la fraternité au moment où les Etats-Unis étaient sur le point de voler au secours des Français et des Anglais pendant la "Grande guerre".
Ainsi, à un an d'intervalle, avions-nous pu éprouver le pire et le meilleur avec ce grand souffle d'un "nouveau monde" qui allait devenir la première puissance planétaire...
Un oxymore américain qui associait le conservatisme primaire et exacerbé des cul-terreux du middle west avec l'altruisme et la générosité des pilgrims du Mayflower.
Malgré ses boursouflures et ses naïvetés, le message humaniste de Griffith était clair : il faut à tout prix empêcher le triomphe de l'intolérance sur l'amour afin que le monde puisse être un peu mieux vivable.
Il faudrait recommander au candidat milliardaire républicain à la présidence américaine d'aller voir ces films dont le deuxième est une rédemption salutaire.
Les archétypes de la culture yankee.
* par réaction aux magouilles politiciennes des Etats du Nord.