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Billet de blog 3 juin 2016

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Le communalisme

L'initiative (timide) que vient de prendre Anne Hidalgo en projetant d'ouvrir à Paris intra-muros un camp d'accueil pour les réfugiés, est à mon avis ce qu'on appelle "un fait porteur d'avenir", car il a été décidé de manière autonome en face d'un Etat qui semble tétanisé par ce problème

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Dans un précédent billet, intitulé "Hospitalité française" - qui n'a malheureusement retenu l'attention ni du Club Mediapart ni des lecteurs - je faisais part de ma satisfaction de trouver enfin dans cette actualité médiocre, autre chose que les états d'âme d'un footeux mis sur le banc de touche ou les effets ravageurs du déréglement climatique.

En effet, l'annonce faite par Anne Hidalgo sur la prochaine ouverture à Paris, d'une structure d'accueil pour les réfugiés, me semble trés importante dans la mesure où elle est une initiative politique d'inspiration communaliste.     

A un moment où la social-démocratie à bout de souffle cherche en vain une sortie de secours du côté d'un libéralisme plus ou moins barbouillé d'un brouet social-technocratique, une voie nouvelle semble pouvoir être explorée afin d'éviter le Nème piège mortifère que tend le capitalisme aux sociétés qu'il exploite.

En réalité cette "voie nouvelle" a déjà était conçue et formulée, il y a cent-quarante-cinq ans, par les Communeux. Mais elle a sans doute fichu une telle sacrée trouille aux classes possédantes qu'elles n'ont pas hésité à lancer toute une armée pour imposer silence aux insurgés en les massacrant. L'ordre bourgeois.

Que prétendait donc cette "canaille" pour mériter un pareil sort ? Elle affirmait qu'il n'y avait qu'un chemin pour bénéficier de l'égalité dans la liberté, et elle disait que ce chemin vers la Fraternité était l'Autonomie puisque tous les autres chemins suivis jusque là nous avaient toujours ramenés au point de départ, et rejetés sous les pieds de la dictature d'un homme, d'une classe, d'une Assemblée ou d'une majorité quelconque personnifiant l'Etat.

Au cours des soixante-douze journées d'existence de la Commune*, les Fédérés ont élaboré leur théorie politique autour de quatre concepts : association, autonomie, fédération, union. On peut en prendre connaissance notamment dans les articles de Pierre Denis, publiés par Le Cri du Peuple ou bien dans les ouvrages de Gustave Lefrançais ou Arthur Arnould ; l'essai historique et politique que je suis en train d'écrire en analysera le contenu.

Ce rêve communaliste, fracassé par les Versaillais, était sans aucun doute un rêve prémonitoire puisqu'il nous apparaît aujourd'hui - dans cette première réaction du retour vers le collectif et vers les communs que l'on sent poindre notamment dans le brouhaha des "Nuits Debout" - une échappée salutaire.

Dans une correspondance (8 septembre 1868), Jules Vallès écrivait pour tirer un trait sur sa défaite aux élections législatives où il s'était présenté comme "le candidat de la misère" : "J'écrirais sur mon drapeau : Vivre en travaillant, sans ajouter : Mourir en combattant. Je réclame des outils, point des fusils. Je crie : Pas de sang, mais du pain !"

Présence du passé.

* suivre sur le blog d'Eloi Valat, la publication des extraits de débats du Conseil de la Commune, magnifiquement illustrés par ses dessins.

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