La photo de cet enfant syrien, âgé de trois ans, dont le petit corps, affalé sur une plage turque, est léché par les vaguelettes du Bosphore, semble avoir enfin touché l'opinion mondiale sur le chaos tragique du Proche Orient...Enfin ? Je n'en suis pas certain.
Pourtant, il n'est pas un seul bulletin d'information qui ne rapporte pas, à chaque instant, les péripéties douloureuses de cette grande vague migrante déferlant sur les pays d'Europe.
Un phénomène dramatique, l'effet boomerang de l'égoïsme des pays du vieux continent, le résultat de leurs politiques à courte vue qui n'ont jamais assimilé le grand vent de libération des peuples et l'indispensable décolonisation, corollaires de la Seconde Guerre mondiale.
La terre des hommes, devenue cette vaste scène d'un spectacle de gladiateurs, pilotée et manipulée par des médias aux mains des oligarchies financières, lequel ne joue que sur le principe "d'une émotion, l'autre", le choc d'une image étant immédiatement suivi (et chassé) par le choc d'une autre image...
Ainsi toute réflexion est bannie, toute réaction est annihilée. On s'émeut et on s'apitoie, à bon compte...
Le dictateur de Damas peut continuer à bombarder son peuple, et DAESH peut parfaire le massacre. Sous les yeux froids et le coeur sec de la communauté internationale, paralysée par la géopolitique de ses intérêts contradictoires.
Dormez braves gens, les Eurocrates veillent, les bureaucrates comptent et font des graphiques. Vous pouvez consommer en paix.
Quant aux enfants syriens, ils peuvent mourir.
NB/ cf un superbe billet, d'inspiration rimbaldienne, intitulé : "Le dormeur du sable", ainsi que le blog de Khaled Youssef