C'est un arbre magique, un conifère à feuilles en éventail, qui produit des prunes non comestibles. En automne, ses feuilles virent au jaune et, lorsqu'il est éclairé, il flamboie comme mille soleils. On l'appelle aussi "l'arbre aux quarante écus". Ce ginkgo d'or est un arbre chinois.
Alors que les participants du caravansérail de Cannes palabrent à en perdre le souffle, au cours de réunions inutiles et vaines, le Ginkgo d'or chinois les observe, impassible, amusé et tranquille car il sait que l'on ne parlera pas du taux de change du yuan, pourtant beaucoup trop bas. La source de son opulence.
"Il serait cruel, écrit Jacques Attali dans sa chronique de l'Express, de demander à tous ces dirigeants de prendre conscience que le G 20 ne peut rien sur aucun des sujets dont il traite : ni la finance, ni l'économie, ni l'environnement, ni la pauvreté... Sur tout cela, les dirigeants réunis à Cannes (ils sont en fait près de 40, sans compter tous ceux qui s'invitent au sommet ou se réunissent dans l'ombre de ce caravansérail) devraient avoir au moins l'honnêteté de reconnaître qu'ils n'auront aucun pouvoir tant qu'ils s'en tiendront à des réunions aussi informelles."
Alors que les européens endettés rêvent de mettre leurs escarpins vernis au pied du ginkgo d'or, devenu pour la circonstance leur arbre de Noël, un homme politique grec, courageux et honnête, est convoqué par ces endettés car il est surendetté et tend la sébille. Le G 20 n'est pas un restau du coeur ! lui dit-on. Et on le congédie : les désarrois de l'élève Papandréou. morigéné par sa maîtresse Angela Merkel !
Le premier Ministre grec me fait penser au héros fracassé du chef d'oeuvre de Robert Wise, interprété par Robert Ryan, dans "Nous avons gagné ce soir". Ou plutôt à Pierre Mendès-France, qui ayant perdu sa majorité à l'Assemblée, en février 1955, quittait à pied le Palais Bourbon en s'enfonçant dans la nuit, sa lourde serviette à la main...
Tout est perdu, fors l'honneur.