...en effet, l'élection américaine vient de nous montrer à l'évidence la redoutable force du trumpisme alors que tout s'était conjugué non seulement pour freiner son chauvinisme débridé, mais aussi et surtout pour éradiquer cette piteuse image des USA qu'il incarnait depuis quatre ans.
On peut regretter bien sûr l'inconsistance du candidat que les "démocrates" ont désigné pour l'opposer au clown dangereux de la Maison blanche, mais dans le contexte létal et terrifiant d'une pandémie débordante, qui a été traitée avec une absurde désinvolture par le Président, on était fondé à estimer qu'une grande vague électorale pourrait mettre un terme à son outrecuidance !
Mais à cette réaction de sauvegarde et de bon sens, s'est opposé un mur de rétractation et de nationalisme superfétatoire qui a même gagné les minorités, traumatisées et abusées par les flots ininterrompus de la propagande mensongère du superman milliardaire.
Ce repli des petites gens, des déclassés et des laissés pour compte de la consommation américaine, a fait l'appoint décisif aux votes blancs des classes favorisées qui se félicitent d'avoir trouvé un homme providentiel, en mesure de tenir tête aux "élites", qui fait respecter l'ordre bourgeois et maintient voire accroît leurs privilèges.
Ce héros "anti-système" (alors qu'il en est un produit) a bien compris que pour être entendu, il lui fallait parler le langage du peuple en n'hésitant pas à tutoyer la trivialité ou à tomber dans la vulgarité...
Il a ainsi manipulé la démocratie en utilisant le mensonge comme arme ordinaire, et en dévoyant les institutions qui étaient censées protéger les citoyens ; quant à sa vision du monde, elle s'est limitée à celle de la cabine d'un chauffeur-routier, dont les oreilles sont accaparées par les radios commerciales...
Ce populacisme qui fait rêver en France Marine Le Pen, est un cancer de la démocratie, qui menace tous les pays affaiblis.
Le système immunitaire républicain pourra-t-il nous épargner ce fléau ?
Nb/ le titre de ce billet paraphrase Gambetta qui s'était écrié le 4 mai 1877 à la tribune de la Chambre des députés :
"Le cléricalisme, voilà l'ennemi !"