Il n'y a aucun paradoxe à relever dans l'évolution politique de la Corse, d'abord colonisée par les Romains puis, après avoir goûté pendant quelques années à l'indépendance chèrement acquise par le général Pascal Paoli, fut achetée en 1767 aux Génois par le royaume de France...
Depuis lors cette île magnifique qui a donné un héros légendaire à l'histoire, est un département français dont les attraits touristiques ont maheureusement engendré la spéculation immobilière, la corruption institutionnalisée et le banditisme.
C'est bien pour lutter contre cet avenir maffieux que les "indépendantistes" corses se sont peu à peu organisés, en se dressant d'abord de manière clandestine puis à visage découvert, contre le laxisme, l'indifférence voire le mépris de ceux qu'ils appellent "les continentaux".
Il y a longtemps, en sortant de l'IDHEC, je m'étais fourvoyé dans la réalisation d'une pochade* sur les enjeux du pouvoir municipal dans un village de la côte orientale de l'île, au sud de Bastia. Malgré le traitement pataphysique que je m'étais efforcé de donner à cette comédie**, on peut y déceler néanmoins, ce tropisme de la préférence du local et donc constater à quel point les Corses ont toujours revendiqué leur autonomie, la culture régionale leur étant aussi indispensable que l'air parfumé par les herbes du maquis.
Cette force autonomiste qui touche aujourd'hui la Corse, fait partie d'une vague qui concerne l'Europe dont l'artificielle et absurde construction technocratique en symbiose avec les tribulations du capitalisme, réveille les nationalismes et les régionalismes.
Mais il ne faut pas confondre "régionalisme" et "autonomisme", l'un est sans doute le terreau de l'autre mais l'autonomie est ce vieux rêve des sociétés dont Claude Lévy-Strauss disait qu'il était inhérent à l'évolution de la tribu ou du clan.
N'oublions pas que la "révolution communaliste" de 1871 a été le soulèvement des Parisiens pour s'affranchir de la tutelle d'un Etat qui avait trahi.
Les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes.
* "La Vendetta"
** avec Francis Blanche, Louis de Funès et Olivier Hussenot