A la différence des "Bienveillantes" de Jonathan Littell,issues de la plus grande tragédie du XXe siècle,les "bien-pensantes" sont l'état actuel de nos réactions,de nos modes,de nos mentalités. Et nos "Euménides" sont la bonne conscience d'une société régie par une pensée dominante. Une bien-pensance hégémonique,à droite comme à gauche.
Cet aboutissement (provisoire) de notre histoire culturelle est en fait une étape de notre histoire des représentations. Et comme l'a trés bien fait remarquer Paul Ricoeur "les développement les plus récents de l'histoire des représentations s'approchent autant que la posture objective de l'histoire le permet de notions apparentées à celle de pouvoir - pouvoir faire,pouvoir dire,pouvoir raconter,pouvoir s'imputer l'origine de ses propres actions. Le dialogue entre l'histoire des représentations et l'herméneutique de l'agir en sortira d'autant plus serré que l'invisible seuil de la connaissance historique n'aura pas été franchi."
Pour faire plus simple,disons que notre société souffre aujourd'hui de cette dictature du "politiquement correct" avec,de temps en temps,des épiphénomènes qui en révèlent l'exacte et cruelle réalité. Des épiphénomènes tels que les incidents médiatiques créés par les "humoristes" Guillon et Zemmour ou les "dérapages" de Frêche et d'Hortefeux . C'est aussi une société du non dit où il est interdit d'appeler juif un israélite,arabe un maghrébin,nègre un noir,etc où le moindre soupçon d'écart de langage est immédiatement sanctionné. C'est enfin une société de la repentance où la population dans son ensemble doit courber la tête et battre sa coulpe à l'évocation des convulsions du passé. Et là encore,il me faut citer l'excellent Paul Ricoeur : "Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donne le trop de mémoire ici,le trop d'oubli ailleurs,pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire - et d'oubli. L'idée d'une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués."