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Billet de blog 5 mai 2016

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Le syndrome Javert

"J'aimerais mieux laisser échapper dix coupables que de frapper un seul innocent", déclarait le 17 mai 1871, Raoul Rigault, ex délégué à la Préfecture de police de la Commune de Paris

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A un moment où l'on s'interroge à perte de vue sur le bien-fondé et la légitimité de la répression policière, il me semble opportun de jeter un oeil sur l'histoire des tribulations de cette cohorte particulière qui est constituée par ces soldats civils chargés de "maintenir l'ordre".

Il apparait vite que cette fonction régalienne est l'apanage des pouvoirs politiques et économiques et qu'elle ne peut s'exercer que pour protéger des intérêts ou garantir des privilèges. Elle est donc une force de coercition et justifie la séparation entre ceux qui possèdent et qui décident et ceux qui doivent obéir et obtempérer.

Elle était de droit divin sous la monarchie, elle est de droit républicain dans une démocratie bourgeoise.

En créant le personnage de l'inspecteur Javert, Victor Hugo a bien défini la complexité ambiguë de cette police qui aspire à une éthique de la moralité publique mais qui se rend bien compte qu'elle risque de bafouer les droits de l'homme et du citoyen. Il dénouera ce dilemme avec le suicide du fonctionnaire abusé par la mystique du devoir.

Quarante et un ans après ces "Trois glorieuses" au cours desquelles Javert avait combattu les insurgés contre Charles X mais qui finalement allaient amener au pouvoir Louis-Philippe, un roi bourgeois, la police parisienne fut à nouveau confrontée à l'épreuve de la guerre civile avec la Commune.

Le maintien de l'ordre public appartint à la population, c'est à dire à la Garde nationale, cette milice populaire créée le 13 juillet 1789. Et jamais Paris ne connut d'existence aussi paisible que dans cette période qui commence le 19 mars 1871 et qui s'achève dans le fracas des armes le 21 mai 1871 avec l'irruption de l'armée Versaillaise.

Aucun vol, aucun forfait, aucune rixe, aucun désordre : voilà le résultat de l'absence d'une police tracassière et tatillonne.

Alors je pense que les pouvoirs publics seraient bien inspirés s'ils décidaient de s'inspirer de cette expérience en retirant leurs forces noires, casquées et armées de fumigènes, des cortèges de manifestants et de cette place de la République où se tient un forum pacifique.

A moins qu'ils recherchent délibérément l'affrontement en provoquant ou en introduisant des nervis pour discréditer la protestation.

D'ailleurs, à l'instar de Goethe qui préférait l'injustice au désordre, il faudrait s'interroger sur le concept ambigu du "maintien de l'ordre".

De quel ordre s'agit-il ? 

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