Tout d'abord, je ne peux résister à pousser ce coup de gueule !
Ayant eu le privilège de faire partie des pionniers de la télévision dans les années soixante, j'ai assisté - malheureux et impuissant - à la progressive dégradation de ce merveilleux outil de divertissement, de connaissance et de culture, tout au long de ma vie professionnelle.
Notre grand rêve de télévision nationale populaire a été réduit en braderie commerciale.
Car si la métamorphose de la RTF en ORTF avait pu réaliser une symbiose entre journalistes et réalisateurs, créant ainsi un extraordinaire vivier de téléastes qui ont donné ses lettres de noblesse au petit écran, l'introduction du poison publicitaire en 1974 dans les étranges lucarnes a plombé l'expression, anesthésié la liberté et réduit le citoyen en consommateur.
Cette télé marketing a immédiatement était récupérée par les énarques qui en ont fait leur chasse gardée, au service des classes dominantes.
Ainsi, la France d'en haut dispose-t-elle désormais de cette "machine à décerveler" chère au Père Ubu car nous sommes les victimes de cet ahurissant paradoxe : alors qu'à l'époque de l'ORTF l'offre de programmes était qualitativement diversifiée, elle n'existe plus aujourd'hui où nous sommes condamnés au même talk-show, au même amuseur sinistre, au même jeu débile, au même feuilleton insipide...avec des bateleurs qui oscillent entre la trivialité exubérante et le conformisme niais lorsqu'ils ne tombent pas dans la fange de l'extrême vulgarité !
Alors que viennent faire ces projets de restructuration administrative et ces coupes de budget dans ce champ de ruines ?
France-Télévision est à l'image de la société française : c'est un grand corps malade.
Incurable ?