On peut reprocher beaucoup de choses à François Hollande mais on ne peut nier son aptitude à observer l'économie, à la commenter beaucoup plus qu'à l'influer... Ainsi ,en marge de ses discours commémoratifs, a-t-il confié aux journalistes sa crainte de voir poindre en Europe un "risque de déflation".
Rappelons de quoi il s'agit : en économie, la déflation est un phénomène de baisse générale des prix qui est la conséquence d'un affaissement de la demande globale de biens ou de services. Une atonie générale et progressive.
Le mot vient du latin deflare, souffler sur, enlever en soufflant ; ou bien mépriser, faire fi de.
La France a connu au début des années trente, après le krach boursier de 1929 et la grave crise économique qui s'en est suivie, une période de déflation sous le gouvernement de Pierre Laval* ; elle a évité d'être happée par la "spirale deflationniste" grâce à l'émergence du Front populaire et aux mesures économiques prises par le gouvernement de Léon Blum.
Aujourd'hui, le risque de déflation est consécutif au plan d'austérité imposé par l'Allemagne aux nations membres de l'Union européenne. Il affecte directement les mesures qui sont imposées aux gouvernements pour lutter contre le déséquilibre du commerce extérieur et l'accroissement de leur dette : encadrement du crédit, baisse des dépenses publiques, augmentation des impôts.
Pour les entreprises, la déflation est une période de baisse des marges car elles ne peuvent réduire leurs coûts aussi rapidement que la baisse de leur activité productrice. D'où une augmentation du chômage et une pénalisation de tous les agents économiques qui voient la valeur de leur dette, restée constante en valeur nominale, augmenter en valeur réelle par rapport à leur chiffre d'affaires...
Pour les ménages et les particuliers, la déflation est une incitation à différer leur consommation et leur dépenses...
D'où un ralentissement de l'activité, un accroissement du chômage et de la précarité...
Autrement dit, la déflation c'est faire fi de l'humain.
* cf mon film "La prise du pouvoir par Philippe Pétain"