... en effet, nous n'en finissons plus de subir les conséquences du grand rêve de conquête "civilisatrice" inspiré par "la Ligue maritime et d'outremer" induite par la politique expansionniste de Jules Ferry, ainsi que par les aberrations d'une décolonisation bâclée à l'issue de guerres désastreuses, de sévices en tous genres, et de massacres.
Au XXIe siècle, il nous faudrait assumer enfin cette ardoise de nos erreurs passées avec lucidité et sang-froid et non pas ergoter sur les vestiges de cette volonté hypocrite et scandaleuse concernant le concept obsolète de "France-Afrique" qui ne cesse de hanter les gouvernances successives de notre Cinquième République bourgeoise, du général de Gaulle à Emmanuel Macron en passant par Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et François Hollande.
Malgré le magnifique exemple d'une décolonisation négociée, pacifique et franche, que nous avait donné Pierre Mendès-France lorsqu'il eût les rennes du pouvoir exécutif, tous les dirigeants français ont été englués par la force des choses.
Que ce soient les contingences économiques et financières, publiques ou privées, les spéculations géostratégiques voire militaires, ou bien l'inévitable pression ostentatoire d'exhiber son prestige et son rôle d'ex-puissance coloniale, la gravitation historique de la conquête assortie du pillage des richesses naturelles a forgé une empreinte de domination et d'appropriation.
C'est pourquoi tous les peuples qui ont subi ce joug prennent conscience peu à peu de cette intolérable situation, même si leur soudaine révolte leur a été dictée par la propagande délétère de pays qui n'ont pas été leurs colonisateurs.
Cette "force des choses" pointée en 1794 par Saint-Just pour stigmatiser le poids de la rapacité bourgeoise et de la corruption freinant toute évolution de la Convention "montagnarde" vers le bien-être social, se retrouve aujourd'hui pour obérer une politique de respect de l'indépendance des nations avec l'instauration d'échanges équitables et de dialogue non paternaliste...
"Personne n'aime les missionnaires armés" avait pourtant dit Robespierre.
Car le sabre accompagne le goupillon, avec le porte-monnaie.