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Billet de blog 5 septembre 2013

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Histoire et posture commémorative

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En dehors des commémorations religieuses ou civiles qui sont les points de repère du calendrier, nous assistons sporadiquement à ces coups de projecteur sur des événements historiques dont la résonance permet de nimber le présent voire de justifier le bien-fondé d'une gouvernance.

Ainsi cette cérémonie franco-allemande concernant le massacre d'Oradour sur Glane, qui se produisit le 10 août 1944. Par mesure de représailles contre la Résistance, une unité de la division SS Das Reich avait exterminé 643 personnes, dont 500 femmes et enfants qui périrent enfermés dans l'église du village volontairement incendiée.

Pourquoi commémorer cette tragédie un 4 septembre ?

On ne peut s'empêcher de discerner, en filigrane du discours (excellent) de François Hollande la référence au 21 août syrien. Et on peut également imaginer qu'il aura un impérieux besoin de l'appui allemand au cours de la négociation du G 20 qui s'ouvre aujourd'hui à St Petersbourg.

Cela nous ramène, une nouvelle fois, à la problématique de la commémoration.

L'historien-philosophe Paul Ricoeur a dit et écrit à ce sujet des réflexions que je partage. Pour faire court, la commémoration tue l'Histoire car elle fige, dans un contexte émotif, tout l'effort heuristique et critique de l'historien. Elle exalte l'histoire-musée (qui deviendra l'histoire-spectacle pour la télévision) en obérant cette recherche passionnée de la vérité qui devrait être la vertu cardinale de l'esprit humain.

Dans l'histoire de l'humanité, il y a un long (trop long) cortège de génocides et de barbaries. Les cailloux du Petit Poucet de l'ignominie. Et nous devons les regarder en face : la Saint Barthélémy, le génocide des Indiens d'Amérique, le massacre des Communards, la Shoah, Sétif, etc...

Les postures commémoratives sont probablement utiles pour rafraichir les mémoires. Mais il ne faudrait pas qu'elles se substituent à la connaissance du passé avec cette colorisation artificielle et conjoncturelle induite par l'opportunité.

L'Histoire n'a jamais de fin.

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