Cette impunité régalienne serait-elle toutefois contrôlée et limitée dans les pays qui fonctionnent selon les principes du droit public, c'est à dire là où prévaut la démocratie formelle ?
L'actualité charrie quasiment tous les jours son lot de situations malfaisantes en regard de la loi, que ce soit celle qui concerne le populaire président brésilien Lula, pris la main dans le pot de la corruption et donc voué à en méditer les conséquences en allant bientôt manger sa gamelle derrière les barreaux, ou celle d'un ministron de François Hollande, l'inénarrable Placé, en cellule de dégrisement après avoir insulté des policiers.
Soit. Mais pour quelques cas emblématiques, bien mis en valeur par les trompettes médiatiques, combien de vilenies, de forfaitures, de saloperies en tous genres passent inaperçues ?
Comment se fait-il qu'après l'avalanche des révélations de toutes ses turpitudes, Nicolas Sarkozy jouisse toujours de sa liberté ? Et qu'il soit convié à l'hommage national rendu à un héros français ?
"Que vous soyez puissant ou misérable..." écrivait l'excellent La Fontaine à une époque où le pouvoir monarchique était "de droit divin" mais l'avenir ne l'a pas vraiment démenti car plus les appareils policier et juridique se sont renforcés et sophistiqués, plus l'ingéniosité de les contourner s'est montrée efficace ; elle s'appuie sur le socle des lobbies financiers, leurs batteries d'avocats spécialisés et leur connexions régaliennes.
Car le véritable pouvoir de justice est du côté du capital.
Pour les nantis, l'impunité reste un privilège.
Tout le reste relève de la chicane.